JusticeNeuchâtel: l’agression raciste n’en était pas une
Le récit d’un jeune prétendument agressé paraissait douteux au premier abord.
- par
- Vincent Donzé
L’employé d’un bar neuchâtelois prétendait avoir été victime d’une agression à caractère raciste, alors qu’il promenait son berger allemand, dans un jardin public de Neuchâtel, dans la nuit de 17 au 18 janvier dernier. Ce jeune de 28 ans a-t-il été assailli par une bande de jeunes «parlant uniquement allemand», comme il l’a prétendu sur son compte Instagram? «Il n’était ni entré ni sorti de chez lui, aux heures qu’il avait indiquées», rapporte aujourd’hui le procureur général Pierre Aubert. Constat fait avec «un haut degré de vraisemblance».
Selon son récit, ses agresseurs l’avaient immobilisé et lui avaient scarifié une croix gammée sur la joue droite, au jardin du Prince, près de la collégiale de Neuchâtel. «Ils se sont jetés sur moi en hurlant des cris de singe puis m’ont immobilisé au sol après m’avoir roué de coups», avait-il écrit. Ces faits n’ayant pas été dénoncés, la police est entrée en contact avec le jeune Français, lequel a alors porté plainte contre inconnu.
Son récit avait rapidement suscité 2000 commentaires, généralement révoltés et compatissants. «J’espère que justice sera faite même si cela n’enlèvera jamais ta peine! Je te félicite pour ton courage d’en parler ouvertement», lui avait écrit publiquement l’influenceuse et mannequin Whitney Toyloy, Miss Suisse 2008.
«Certains détails semblaient curieux», corrige aujourd’hui Pierre Aubert. Consulté par lematin.ch, l’ancien inspecteur de police Yvan Perrin avait nourri d’emblée de sérieuses réserves devant le témoignage du jeune métis prétendument lacéré au cutter: «Un cutter produit de plaies plus nettes, rarement uniformément profondes. Là, on dirait que la croix gammée a été grattée», avait-il indiqué.
La prétendue victime a-t-elle voulu attirer l’attention ou la compassion? Confirmation par le procureur général: «Il portait déjà les marques en question sur la joue plusieurs heures avant le moment auquel il disait avoir été assailli».
L’intéressé a maintenu sa version, mais le ministère public a classé la procédure. Les frais ont été mis à sa charge et une procédure a été ouverte contre lui pour induction de la justice en erreur.