FootballJean-Pierre Nsame, l’homme qui frappe à chaque fois
Auteur d’un doublé en finale, le Camerounais a largement contribué à la Coupe de Suisse remportée par Young Boys.
- par
- Valentin Schnorhk Berne
Le paysage du football suisse ne saurait se passer de Jean-Pierre Nsame. Il faut sans doute s’y résoudre. Et peut-être que lui aussi. Il y a un an, le Camerounais était relégué de Serie A avec Venise, où il avait passé le printemps 2022. C’était enfin sa chance de découvrir l’étranger, lui qui a débarqué en Suisse, à Servette, à l’été 2017. Prêté en Italie, il est revenu à Young Boys. Pour remporter le Championnat de Suisse et la Coupe de Suisse. Pour être meilleur buteur de Super League (21 buts) et marquer un doublé décisif en finale contre Lugano dimanche (3-1).
Ce sont là deux buts qui ont tout changé, forcément. «Ils nous ont mis dans le match», souriait le buteur de 30 ans dans les entrailles du Wankdorf dimanche. Il a dû aller les chercher: d’abord en reprenant bien un corner de Fabian Rieder, puis en devançant de la tête la sortie mal estimée d’Amir Saipi, après un coup franc assez anodin. «Je ne sais pas comment expliquer ce deuxième but, s’amuse-t-il. Je sais que je peux dominer les gardiens dans les airs, même s’ils ont leurs bras. Et je savais qu’un peu plus tôt dans le match, je l’avais déjà un peu devancé sur un premier duel.» Il a bien fait d’y aller.
Il a dû composer avec la concurrence
Il a surtout symbolisé un Young Boys très fort physiquement en première période. «Nous avons joué avec notre identité, en montrant que nous étions capables de tenir un score, malgré un moment de flottement après la pause», atteste Nsame. Dans ce modèle de jeu essentiellement fondé sur l’intensité et la capacité à remporter ses duels, YB a la recette pour dominer tous ses adversaires en Suisse. Et l’international camerounais s’y inscrit pleinement.
Même si, cette année, rien ne lui a été rendu facile. «La clé de nos succès cette saison, c’est la concurrence qu’il y a dans ce groupe, relève Steve von Bergen, directeur sportif d’YB. Oui, il y a parfois des joueurs qui sont frustrés. Mais avec autant de qualité, faire jouer la concurrence permet à ce qu’il n’y ait aucun relâchement, à chaque entraînement. Ce n’est pas parce qu’on a marqué une fois qu’on va forcément se retrouver titulaire le match d’après. Et ça a tiré tout le groupe.» Jean-Pierre Nsame est concerné, lui qui a dû composer avec la concurrence de Cedric Itten tout au long de la saison.
Quel avenir?
Pas simple à accepter, lui qui avait déjà été meilleur buteur de Super League à deux reprises (2020 et 2021) avant cette saison. «Je suis un attaquant qui a besoin de temps de jeu, de minutes, pour toujours me procurer plus de chances de marquer, consent-il. Et il est vrai que c’était un peu différent, un peu bizarre cette saison. Je n’en avais pas l’habitude. Il a fallu donc montrer que mentalement j’étais toujours capable de répondre quand il y avait besoin de moi.» À l’instar de cette finale de Coupe dimanche, où l’ombre de Cedric Itten (blessé) n’a jamais plané sur le Wankdorf.
Qu’en sera-t-il la saison prochaine? Question sensible. Young Boys compte-t-il encore avec Nsame, lui qui dispose encore d’un an de contrat? Nsame est-il prêt à vivre avec cette concurrence qui pourrait très bien se renforcer avec un attaquant supplémentaire durant l’été? «Tout ce que j’ai à dire, c’est que je suis sous contrat jusqu’en 2024. Ce que j’espère? Il faut demander à Steve von Bergen.» Ce que répond Steve von Bergen? «Jean-Pierre a mérité d’aller en vacances avant tout, botte en touche le directeur sportif. Nous verrons bien ensuite.» Rappelons que Nsame a eu des contacts avec Servette récemment. Sont-ils toujours entretenus? Dossier à suivre.