SolidaritéJuliette, 5 ans: «J’ai donné des trucs de bébé»
Une récolte d’affaires à destination de la frontière ukrainienne connaît un succès jamais vu par l’organisateur qui conduira un bus et sa remorque en Pologne.
- par
- Vincent Donzé
Habitué à transporter du matériel de première nécessité au Maroc pour l’ONG «Enfants de la rue», Frédéric Charpié n’avait jamais assisté à un élan de solidarité tel que celui suscité par l’Ukraine. Sans médiatiser sa récolte d’habits et de jouets, le gérant d’une institution de Reconvilier (BE) a été débordé au premier point de ramassage, ce jeudi à Moutier.
Pendant deux heures, les sacs et les cartons se sont entassés autour de son bus et de sa remorque. «On atteint déjà le double du volume prévu…», constatait avant midi Frédéric Charpié, contraint d’annuler les ramassages de Tramelan et de Porrentruy, prévus dans l’après-midi.
«Désolés, nous n’acceptons pas d’argent: faites un don à un organisme officiel comme la Croix-Rouge», décline l’organisateur en refusant deux billets qui lui sont tendus pour payer l’essence. Frédéric Charpié ne déroge pas à ses principes: «Je n’ai pas de temps pour la comptabilité», justifie-t-il. Les médicaments, par contre, étaient les bienvenus.
Pour les 3 ans
Un magistrat retraité a apporté des chaussures et quelques minutes après lui, la petite Juliette s’est glissée parmi les donateurs: «J’ai donné des trucs de bébé et des petits jouets pour les 3 ans.», dit-elle du haut de ses cinq ans. La gamine a interpellé le transporteur: «Si jamais, la voiture, elle n’est pas bien parquée». Sa grand-mère a souri: «C’est exceptionnel», lui a-t-il glissé à propos du transport.
«Le duvet a été nettoyé!» assure une donatrice consciente qu’un ramassage sert de débarras pour certains. Frédéric Charpié mettra tout ce qu’il pourra dans son bus et sa remorque, lorsque les dons seront répartis dans des caisses avec mention de leur contenu en trois langues: français, anglais et ukrainien. Un camion se chargera du surplus et en cas d’excédant intransportable, Caritas sera approvisionné.
Famille nombreuse
Le chemin du retour, Frédéric Charpié prévoit de le faire avec une famille nombreuse désirant rejoindre la diaspora ukrainienne d’une ville italienne. Si cette famille devait trouver d’ici là une autre filière, il embarquera d’autres immigrés. «C’est loin d’être fini», soupire Frédéric Charpié en évoquant le conflit.
Comment explique-t-il le succès de son opération? «Ce conflit nous est proche et il suscite de l’émotion, avec son flux de réfugiés. Et puis, il y a le spectre nucléaire…», répond Frédéric Charpié. Sa première tâche après la récolte consistera à tout trier à Reconvilier, avec des patients placés en psychiatrie sociale. Après? «On saute dans le bus et on part!» lance Frédéric Charpié, qui s’attend à refaire plusieurs fois l’aller-retour.