Médecine: un gène dans le cerveau pourrait soigner l’anxiété

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MédecineUn gène dans le cerveau pourrait soigner l’anxiété

Des scientifiques ont découvert des molécules qui sont capables de freiner les angoisses dans le cerveau de souris. Des thérapies contre la dépression sont envisageables.

Michel Pralong
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Michel Pralong
L’anxiété, quand elle est irraisonnée, empêche notre cerveau de mettre un frein à l’activation de son processus de défense pourtant inutile.

L’anxiété, quand elle est irraisonnée, empêche notre cerveau de mettre un frein à l’activation de son processus de défense pourtant inutile.

Getty Images/iStockphoto

L’anxiété a son rôle dans notre comportement. C’est un état qui met en alerte le cerveau humain afin de le préparer à éviter ou à affronter des dangers. Durant son histoire, l’humanité a dû s’angoisser de la présence de serpents ou prédateurs afin de pouvoir survivre. Notre cerveau n’a pas encore appris à s’angoisser du trafic automobile, même s’il représente aujourd’hui un danger plus fréquent que les lions.

Comme le précise ZME Science, si vous êtes anxieux avant de prendre la parole en public, vous allez avoir les mêmes sentiments que si vous craigniez d’être attaqué par des fauves dans la savane (même si les conséquences ne sont pas les mêmes). Les informations faisant état d’une menace, qu’elle soit réelle ou imaginaire, parviennent à l’amygdale, un réseau neuronal de notre cerveau qui déclenche la fuite ou la préparation au combat. Ce déclencheur se fait en envoyant alors un signal à d’autres parties du cerveau d’être sur la défensive, prenant le pas sur le cortex préfrontal, responsable de la réflexion. En gros, le signal est donc: ne réfléchis pas, défends-toi.

Résultat de ce processus: la fréquence cardiaque et la pression artérielle augmentent, la respiration s’accélère et le tronc cérébral s’allume, vous amenant à un état de vigilance et d’hypervigilance élevées. C’est très utile, mais beaucoup moins si la menace est soit minime, soit imaginaire. C’est encore pire quand cette anxiété devient quotidienne. Des situations qui peuvent être le résultat d’un traumatisme psychologique grave, mais pas forcément. Et qui peuvent conduire à des crises de panique.

Pas de rémission après les anxiolytiques

Les troubles anxieux touchent une personne sur 4 et plus de la moitié des patients qui prennent des anxiolytiques, même si le traitement les aide, ne connaîtront pas de rémission quand elles l’arrêtent. Notamment parce que ces médicaments manquent d’efficacité puissante, tout simplement parce que nous connaissons mal les mécanismes des circuits neuronaux impliqués dans l’angoisse et le stress.

Une équipe de chercheurs des universités de Bristol et d’Exeter a voulu comprendre les événements moléculaires dans le cerveau qui sous-tendent l’anxiété. Elle a découvert, comme elle l’écrit dans «Nature Communications» que, lors d’un stress aigu, une molécule appelée miR483-5p est soudain présente en nombre dans l’amygdale cérébrale d’une souris. Elle supprime l’expression d’un gène appelé Pgap2, qui entraîne des changements dans la morphologie neuronale du cerveau et dans le comportement associé à l’anxiété. Autrement dit, elle empêche le cerveau de s’emballer et sert de frein à l’anxiété.

L’idée maintenant est de voir s’il est possible de suralimenter cette molécule, représentant ainsi un traitement aux troubles anxieux. Car de nombreux troubles neuropsychiatriques empêchent les freins naturels de notre cerveau de fonctionner et de calmer l’anxiété. Ce traitement permettrait de les actionner. Cela représente un bel espoir pour des millions de personnes dans le monde. Reste encore à passer avec succès de l’expérimentation animale à l’homme.

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