Black FridayAmazon perturbé par une grève en Allemagne et au Royaume-Uni
Des centaines de salariés des entrepôts du géant américain ont manifesté leur mécontentement le jour le plus attendu de l’année pour faire du shopping.
Plusieurs centaines de salariés d’Amazon font grève vendredi en Allemagne et au Royaume-Uni en pleine journée du Black Friday, l’un des temps forts annuels du commerce, dans le cadre d’un long conflit salarial avec leur direction. «Plus de 1000 personnes ont fait grève (vendredi) et au plus fort du débrayage ce matin nous avions plus de 800 personnes en même temps sur le piquet de grève», a affirmé à l’AFP Stuart Richards, porte-parole du syndicat britannique GMB.
Sachant que le vaste site de Coventry «alimente d’autres entrepôts, il ne fait aucun doute pour nous que cette grève aura un fort impact» sur les livraisons de commandes générées par Amazon pendant le Black Friday, le vendredi de promotions qui suit la fête américaine de Thanksgiving, ajoute M. Richards. Environ 2300 personnes travaillent sur le site de Coventry, selon GMB.
En Allemagne, le mouvement a été lancé vendredi matin tôt à l’appel du syndicat Verdi pour de «meilleurs salaires et conditions de travail». Il concerne cinq entrepôts sur les vingt exploités par Amazon en Allemagne – à Leipzig, Rheinberg, Dortmund, Bad Hersfeld et Coblence, soit dans cinq régions – où sont préparés les colis avant leur routage. Les syndicats estiment que ce Black Friday pourrait être la plus grosse journée de grève de l’histoire d’Amazon, entreprise notoirement rétive aux syndicats, mais le géant américain pense à l’inverse que ce débrayage n’aura pas d’impact majeur sur ses activités. Selon un porte-parole d’Amazon en Allemagne, «les clients peuvent compter, comme d’habitude, sur des livraisons fiables et ponctuelles». Selon lui, les salariés bénéficient déjà d’un «salaire équitable et d’avantages sociaux intéressants».
Salaire horaire à moins de 14 fr.
Le salaire horaire de départ au sein d’Amazon est de 14 euros (13 fr. 50), selon le groupe, contre 12 euros pour le «Smic» allemand. Plus de la moitié des salariés d’Amazon en Allemagne y travaillent depuis plus de 5 ans, a ajouté le porte-parole d’Amazon. Le syndicat allemand Verdi base, lui, ses revendications sur la convention collective du secteur de la vente au détail, à laquelle l’américain refuse d’adhérer. «Seules les conventions collectives offrent une protection contraignante aux salariés contre l’arbitraire des entreprises», a déclaré Silke Zimmer, responsable de la branche commerce de détail chez Verdi, dans un communiqué. La première grève au sein d’Amazon en Allemagne remonte à dix ans. La mobilisation s’est depuis étendue et a permis d’obtenir de meilleures conditions de travail, selon le syndicat.
Au Royaume-Uni, d’après M. Richards, le géant américain refuse de parler aux grévistes, mais le syndicaliste assure que le mouvement social mené par GMB depuis près d’un an a conduit «Amazon à offrir des augmentations de salaire» à un grand nombre d’employés. Selon GMB, cela reste toutefois inférieur aux demandes des grévistes, à savoir une rémunération de 15 livres par heure contre environ 12 livres obtenues jusqu’à présent.
Un porte-parole d’Amazon joint par l’AFP au Royaume-Uni a affirmé que le groupe «réévaluait régulièrement ses salaires pour s’assurer qu'[ils offraient] des paies et avantages en nature compétitifs». Il a ajouté que d’«ici avril, [leur] niveau de paie le plus bas» aurait grimpé à 12,30 livres ou 13 livres selon les sites, soit une augmentation de 20% sur deux ans et 50% depuis 2018». Le «Black Friday» américain s’est exporté en Europe et au-delà, les commerces physiques ou sur internet offrant des remises importantes pour lancer la saison des cadeaux de Noël.