Hockey sur glaceAkira Schmid: «Le plus dur, c’est de rester en NHL»
Le jeune Emmentalois vit son rêve éveillé dans la ligue la plus prestigieuse du monde depuis qu’il a été rappelé par les Devils du New Jersey. Rencontre.
- par
- Emmanuel Favre Montréal
Akira Schmid (22 ans) n’a jamais gardé le filet d’une équipe de Swiss League ou de National League. Lors de ses dernières apparitions en Suisse, le gardien repêché en 136e position par les Devils du New Jersey en 2018 avait porté le maillot de Thoune (en MySports League) et des M20 de Langnau, son club d’origine. «Il est donc normal que très peu de personnes me connaissent en Suisse», sourit le solide portier (1,95 m, 93 kg) après un entraînement de son équipe de New Jersey (NHL) au Centre Bell de Montréal.
Outre-Atlantique, par contre, son nom est de plus en plus prononcé à la télévision et relayé dans les gazettes. Depuis qu’il a été rappelé par les Devils, au début du mois de novembre, le Bernois a remporté les trois matches auxquels il a pris part. Et effectué 94,1% d’arrêts.
Akira, vous avez quitté la Suisse à 17 ans pour évoluer dans plusieurs ligues juniors au Canada et aux États-Unis. Est-ce obligatoire de quitter la Suisse aussi jeune si on aspire à avoir du succès en Amérique du Nord et, un jour, obtenir sa chance en NHL?
Il n’y a pas de recette miracle et aucun impératif. Ce sont des choix personnels. Pour moi, c’était devenu une évidence car cela ne fonctionnait pas en Suisse. J’ai donc ciblé rapidement le Canada ou les États-Unis pour me développer en tant que gardien.
Le passage à six étrangers par club en National League incitera-t-il encore plus de gardiens à partir?
Le processus est déjà bien lancé puisque, depuis quelques années, de plus en plus de gardiens suisses quittent le pays pour pouvoir jouer. Et il est clair que la situation des étrangers en Suisse va compliquer le développement des jeunes joueurs, et pas seulement les gardiens.
Entre 2018 et 2022, vous avez défendu le filet de cinq clubs nord-américains dans les rangs juniors et en American Hockey League avant d’être rappelé une première fois par les Devils. Un long cheminement qui, on l’imagine, ne devait pas être tous les jours rose…
Ce n’était en effet pas simple tous les jours. Mais, quand cela allait moins bien, j’ai toujours gardé le focus sur mon but, là où je voulais aller, la NHL. Faire face à l’adversité et la surmonter, cela fait partie du cheminement.
Depuis votre rappel, cette saison, vous avez enchaîné trois victoires…
C’était incroyable, surtout après ma dernière saison qui avait été particulièrement difficile. Mais le plus dur ce n’est pas d’être rappelé par son équipe de NHL, c’est d’y rester. Je ne ressens pas de pression de l’extérieur. La pression que je vis, c’est celle que je me mets. Je veux être bon chaque jour à l’entraînement, devenir meilleur chaque jour.
Quel type de gardien êtes-vous?
Je me considère comme un gardien moderne et je suis satisfait de mon développement. Je suis grand (1,95 m), j’ai des qualités athlétiques et j’ai le sentiment de m’améliorer.
Si on vous compare à Jonas Hiller…
Cela serait un honneur, mais je suis encore loin d’avoir accompli tout ce que Jonas a accompli. D’ailleurs, en Suisse, il était l’un de mes modèles.
Il y en avait donc d’autres…
Je suis Emmentalois. Gamin, il était donc naturel que mon héros soit Martin Gerber, même si, aujourd’hui, mon style est bien différent du sien. Sinon, en NHL, j’ai toujours été admiratif de Carey Price, du Canadien de Montréal.
Pensez-vous être le gardien du futur de l’équipe de Suisse?
J’aimerais bien… J’ai toujours été fier et heureux de représenter mon pays dans les rangs juniors. Chaque année, quand je regardais les Championnats du monde à la télévision, je me disais qu’un jour moi aussi je voudrais être dans cet environnement. Si la chance devait se présenter, cela serait génial.
Trois Suisses, avec Nico Hischier et Jonas Siegenthaler, dans le vestiaire des Devils, c’est…
Fantastique! Et cela constitue une précieuse aide pour moi. Quand tu débarques et que tu ne connais personne, c’est une chance extraordinaire d’avoir des compatriotes dans le vestiaire. D’ailleurs Nico et Jonas ont toujours fait pour m’encadrer et faciliter mon intégration.
Quel est votre dernier souvenir de la Suisse romande?
En été, il m’est arrivé de m’entraîner à Lausanne sur la patinoire artificielle de mon agent, Gaëtan Voisard.