Tribunal fédéralLe faucon pèlerin gagne contre deux éoliennes
La Haute Cour oblige à réduire d’un tiers un projet de parc éolien à Granges (SO) pour sauver des oiseaux.
- par
- Eric Felley
Le parc éolien de la ville de Granges dans le canton de Soleure a une longue histoire. Il a été adopté dans les années 2014/2015 par son Conseil communal, puis en 2017 par le canton. Le projet comprend six éoliennes installées sur la montagne pour une production d’environ 30 GWh, qui doit couvrir les deux tiers des besoins en électricité de la ville. BirdLife Suisse et l’Association pour la protection des oiseaux du canton de Soleure se sont opposées lors des différentes étapes du projet, sans succès. Elles ont donc recouru jusqu’au Tribunal fédéral, d’où elles ne sont pas revenues bredouilles.
La pesée des intérêts
Selon le jugement rendu ce mercredi, le projet devra être amputé de deux éoliennes. Ce cas illustre à merveille le conflit actuel entre les promoteurs d’énergie renouvelable, comme l’éolien, et les défenseurs de la nature et du paysage, en l’occurrence ici des oiseaux. Dans ses considérations, le TF fait une pesée des intérêts: «Avec le changement climatique, le développement des énergies renouvelables prend une importance particulière. Il y a lieu aussi de tenir compte de la capacité de produire de manière flexible et en fonction des besoins du marché. Les nouveaux parcs éoliens revêtent un intérêt national s’ils atteignent une production annuelle moyenne attendue d’au moins 20 GWh». Voilà pour l’intérêt national énergétique du projet.
L’avenir incertain de l’alouette lulu
Mais de l’autre côté le TF considère que le maintien de la biodiversité et la protection des espèces représentent aussi «un intérêt considérable, revêtant également un intérêt national». Or le parc éolien de Granges menace en particulier deux espèces vulnérables: l’alouette lulu et le faucon pèlerin. Les juges ont donc cherché une solution médiane. Le TF note que «seul un abandon du projet permettrait une protection complète de ces deux espèces, mais cela compromettrait l’intérêt au développement de l’énergie éolienne». Finalement, il estime que les deux grandes hélices, situées à 350 mètres et 700 mètres d’un nid de faucons pèlerins, doivent être abandonnées.
L’ensemble du projet va perdre le tiers de sa production à environ 20 GWh, ce qui est encore rentable selon l’arrêt rendu. Les autres emplacements peuvent être adoptés moyennant des mesures de protection ou de compensation pour protéger les chauves-souris et la fameuse alouette lulu.