Guerre en UkraineLe chef du groupe Wagner menace de se retirer de la ville de Bakhmout
Dans une interview accordée à un blogueur militaire russe, Evguéni Prigojine dit essuyer des pertes cinq fois plus élevées que nécessaire en raison d’un manque de munitions.
Le groupe de mercenaires russe Wagner pourrait se retirer de Bakhmout. C’est, du moins, la menace que brandit son chef, Evguéni Prigojine, dans une interview publiée samedi par un blogueur militaire russe. Dans cet entretien, l’oligarque affirme essuyer des pertes cinq fois plus élevées que nécessaire dans cette ville de l’Est ukrainien, théâtre de combats sanglants, en raison d’un manque de munitions. «Chaque jour, nous avons des piles de mille cadavres que nous mettons dans des cercueils et renvoyons chez eux», déclare-t-il dans l’entretien.
«Si le déficit en munitions n’est pas comblé, nous serons obligés – pour ne pas courir ensuite comme des rats lâches – soit de nous retirer de manière organisée, soit de mourir», assure l’homme de 61 ans. Ajoutant que le retrait de ses troupes, même partiel, aurait pour conséquence de faire s’effondrer le front non seulement à Bakhmout, mais aussi à d’autres endroits, dit-il, réitérant ses critiques à l’encontre du commandement russe, qu’il accuse une nouvelle fois de manquer d’organisation et de discipline.
La bataille la plus longue et la plus sanglante de la guerre
Malgré le soutien en première ligne des paramilitaires de Wagner, les forces russes se cassent les dents sur Bakhmout, qu’elles tentent de prendre depuis l’été 2022, la bataille la plus longue et la plus sanglante de cette guerre. Pour Moscou, il s’agit de brandir une victoire après plusieurs revers humiliants l’an dernier. Les affrontements y sont devenus plus durs car des forces spéciales russes combattent désormais dans la ville, selon l’armée ukrainienne.
Les déclarations d’Evguéni Prigojine interviennent alors que l’Ukraine se dit prête pour démarrer une offensive d’envergure contre les forces russes. «L’équipement a été promis, préparé et partiellement livré. Au sens large, nous sommes prêts», a déclaré le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov au cours d’une conférence de presse. «Quand Dieu le voudra, (quand il y aura) la météo et la décision des commandants, on le fera.»
Entrée dans une nouvelle phase
La perspective d’une prochaine offensive de l’armée ukrainienne, appuyée par de puissants équipements occidentaux, ferait entrer la guerre dans une nouvelle phase, après plus d’un an de conflit à haute intensité. Depuis plusieurs mois, l’Ukraine affirme vouloir lancer un assaut décisif pour renverser le cours de l’invasion russe et libérer les près de 20% de son territoire occupés, dont la péninsule de Crimée. Pour lui venir en aide, les pays membres de l’OTAN et leurs partenaires ont fourni aux Ukrainiens 230 chars de combat et 1550 autres véhicules blindés, a annoncé jeudi le secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg.