Tour de France«Je n’ai aucune idée de l’endroit où on se trouve!»
Bien des coureurs présents sur la Grande Boucle, à l’image de Maxim van Gils, reconnaissent volontiers ignorer le nom des villes de départ ou d’arrivée. Florilège.
- par
- Chris Geiger - Roanne
Jeudi 13 juillet 2023, les aiguilles indiquent presque midi, le soleil tape déjà fort. Les cars des équipes du Tour de France débarquent au compte-gouttes dans le paddock qui leur est réservé. Le mercure est tel que les coureurs repoussent au maximum la descente dans le four. Logique. L’échauffement en vue de la 12e étape – car il faut quand même s’y coller – se fait à l’ombre. L’occasion d’échanger avec ces guerriers des temps modernes, entre un passage sur le podium protocolaire pour l’indispensable signature et un autre sur le home-trainer.
Les sourires sont globalement de la partie, à l’exception peut-être du malheureux Fabio Jakobsen qu’on croise avec sa valise, lui qui vient de mettre la flèche. L’occasion est belle de s’amuser avec le reste du peloton. La question ne paraît pas insurmontable, peut-être piégeuse. Elle fait surtout rire. En fait, messieurs, où se trouve-t-on en cette fin de matinée?
«Je n’en ai aucune idée, se marre Maxim van Gils. Sur le Tour, je connais surtout les montées et les profils des étapes. Mais la plupart du temps, j’ignore où je dors et où sont donnés les départs des courses.»
Une lumière parcourt soudainement l’œil du grimpeur de la Lotto-Dstny. «Mais oui, on est à Roanne! Je le sais car ma copine me l’a dit ce matin (ndlr: jeudi). Les autres lieux que j’ai retenus, ce sont Bilbao et Paris.»
Perdu dans les étapes
Le jeune Belge (23 ans) ne constitue pas une exception au sein du peloton de la Grande Boucle. Son compatriote Jenthe Biermans prend l’aspiration. «Non, je ne sais pas dans quelle ville on se trouve, sourit le coureur d’Arkéa-Samsic. Ce n’est pas qu’aujourd’hui. Je ne sais jamais dans quelle ville de départ on se trouve, ni quel jour on vit. Le Tour de France engendre beaucoup de stress, donc je me concentre uniquement sur les étapes.»
Cet état d’esprit s’explique aussi par la difficulté du parcours, particulièrement montagneux sur cette édition 2023, et l’enchaînement des étapes à un rythme effréné depuis le grand départ à Bilbao début juillet. Dans ces conditions, les coureurs ont entouré deux jours en particulier.
«Le nom des villes n’est pas essentiel, même si parfois j’aime savoir où je suis car ça peut être important pour certaines étapes, détaille Nelson Oliveira, de l’équipe Movistar. En l’occurrence, j’ai lu hier le nom de la ville où on se trouve actuellement, mais je ne me rappelle plus. J’aime parfois savoir où je suis, spécialement lors des jours de repos!»
Le prochain est prévu lundi du côté de Saint-Gervais Mont-Blanc, après trois grosses journées alpestres. «D’ici là, on se concentre sur les étapes et les montagnes qui se dressent sur notre route, note Yves Lampaert, de la Soudal-Quick Step. Personnellement, je ne connais pas le nom des villes de départ ou d’arrivée, sauf lors des jours de repos. Comme ça, je peux essayer de trouver un bon café.»
Comme le souligne justement Maxim van Gils, «il est plus important pour le public de savoir où on est». Ce vendredi, le peloton du Tour de France s’est élancé de Châtillon-sur-Chalaronne et pédalait en direction du Grand Colombier (137,8 km).