Hockey sur glace: Les fans Fribourgeois incités à laisser leurs places aux dames

S’il vous plaît Messieurs, partagez votre abonnement le temps d’un match. C’est en résumé le message qu’envoie Fribourg Gottéron à ses supporters en tribunes assises. Sur l’initiative de la Chambre du commerce et d’industrie du canton (CCIF), le club encourage le public féminin à venir voir le derby face au LHC le 15 octobre prochain.

De quoi chasser les hommes? «Pas du tout. Le but est de partager sa passion avec un public différent de celui habituel», répond John Gobbi, directeur général du club. Ils ont d’ailleurs parfaitement le droit de venir assister à la rencontre. «On ne pourrait et ne voudrait pas le faire de toute manière», tranche Chantal Robin, directrice de la CCIF.

Les supportrices ne représentent que 25% des personnes présentes à la patinoire, bien loin des 50% enregistrés en Amérique du Nord. À Fribourg, il y a une envie de mieux faire. «Ce n’est pas du féminisme mais du féminin assumé, revendique la directrice. Le but est d’ouvrir la porte et que les femmes prennent leur place.» Elle y voit le côté économique, plus que tout autre. «Chaque fois que je vais à la patinoire, je bénéficie du réseautage.» Des promesses de mails, de discuter des dossiers et de rencontres découlent de ces soirées hockey. Et en plus de ces avantages professionnels, elle passe un bon moment.

Le hockey sur glace est une histoire de passion. «Quelle meilleure occasion qu’un derby pour faire découvrir le sport?» questionne John Gobbi. Le choix de la rencontre - contre le LHC - est loin d’être dû au hasard. Fribourg-Gottéron s’attendait forcément à jouer à guichets fermés. «On ne voulait pas être accusés de vouloir remplir la patinoire», explique le directeur général.

Ni le match d’ouverture contre Ambri-Piotta, ni la rencontre face à Langnau n’était propice à l’initiative. Lausanne, par contre, promet des étincelles. «Des patrons m’ont promis de jouer le jeu, et acceptent de faire ce sacrifice», se réjouit quant à elle Chantal Robin.

Sacrifice, car elle est bien consciente de ce qu’elle demande aux abonnés. «Certains fans purs et durs n’apprécient pas. Ils m’attaquent et je le comprends.» Oui, il s’agit d’un derby. Oui, ils ont payé leur abonnement annuel. «Je comprends qu’ils aient une petite frustration, mais il s’agit d’un match et ne concerne que les places assises», tempère John Gobbi. À l’annonce, il dénote certaines réactions émotionnelles, mais pas de quoi renoncer à l’initiative - autrement bien accueillie.

Les Dragons ont prévu un espace pour les partageurs. Une salle des fêtes sur site permettra de suivre le match. Le premier de la journée, à 15 h, verra jouer l’équipe féminine qui a intégré le club cette année. «Le sport féminin prend de plus en plus d’ampleur, et je suis convaincu qu’il va occuper une place importante», confie John Gobbi.

Ensuite viendra le temps du derby tant attendu. Le patron du club fribourgeois et la CCIF y travaillent depuis décembre 2021. Ils ont attendu la bonne occasion de la lancer. «C’est toujours compliqué de lancer quelque chose que personne n’a fait.» Le partage d’un amour pour le club à la place d’une réduction pour une entrée, c’est peut-être la formule pour diversifier le public.