Coupe du monde féminine 2023La mystérieuse blessure de Sam Kerr
L’Australie se pose des questions par rapport à sa joueuse emblématique, encore une fois forfait ce jeudi, face au Nigeria. Que cache cette absence?
Visage emblématique de l’Australie, coorganisatrice du Mondial féminin, l’attaquante Sam Kerr sera une fois de plus absente contre le Nigeria, ce jeudi (coup d’envoi à 12 heures suisses) à Brisbane, mais sa blessure à un mollet, très mystérieuse et même un temps cachée par sa sélection, interroge pour la suite du tournoi.
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe, au soir du match d’ouverture le 20 juillet. À quelques minutes du coup d’envoi d’Australie-Irlande, la fédération australienne se fend d’un communiqué succinct et totalement inattendu: la capitaine Kerr, touchée à un mollet la veille, déclare forfait pour les deux premiers matches de groupe.
La buteuse de Chelsea, star nationale, observe depuis le banc ses coéquipières remporter difficilement leur rencontre grâce au penalty de Steph Catley (1-0). Quittera-t-elle ce banc de touche durant le tournoi? La presse australienne, ces derniers jours, commence sérieusement à se poser la question, d’autant que rien ne filtre sur l’état de santé réel de la joueuse de 29 ans, créditée de 63 buts en 121 sélections.
La panique a même gagné les rangs des suiveurs des «Matildas» lorsque la milieu Kyra Cooney-Cross a glissé au détour d’une conférence de presse, lundi, que Kerr s’était «déchiré le mollet». En a-t-elle trop dit? La fédération australienne a démenti les propos de Cooney-Cross, laissant entendre qu’elle n’avait pas choisi la bonne formule… Sans néanmoins en dire plus sur la gravité de la blessure.
Une déchirure musculaire, en effet, pourrait remettre en cause l’intégralité du tournoi de la star locale, dont l’état sera réévalué avant le dernier match du groupe B, un choc contre le Canada, le 31 juillet.
«On aura besoin d’elle à la fin de ce tournoi, a lancé l’autre milieu Katrina Gorry. Tant qu’elle suit son programme, nous suivrons le nôtre et nous la retrouverons à ce moment-là.»
Du bluff?
Les «Matildas» australiennes n’auront peut-être pas besoin de leur attaquante pour la phase de groupes, car une victoire, jeudi, face au Nigeria, leur assurerait déjà la qualification et pourrait les convaincre de laisser Kerr au repos face au Canada. Pour affronter les Africaines, deux autres joueuses sont sur le flanc pour des commotions légères: l’attaquante Mary Fowler, remplaçante de Kerr, et la défenseure Aivi Luik.
Le feuilleton risque de reprendre assez vite avec des médias australiens sur le qui-vive. Ces derniers ont moyennement apprécié la partie de poker menteur jouée par Kerr et son sélectionneur, Tony Gustavsson, à la veille du match d’ouverture, quand ces derniers sont apparus tout sourire en conférence de presse, alors même que la joueuse était déjà blessée.
À ce moment-là, Gustavsson savait déjà que Kerr ne pourrait pas jouer le lendemain et l’a délibérément caché pour éviter de mettre au courant l’équipe d’Irlande. Et ce, alors même qu’une question lui a été soumise sur l’état physique de ses troupes.
«J’espère que vous respectez et comprenez que je ne pouvais pas en parler publiquement, a-t-il expliqué après le premier match. Nous voulons protéger émotionnellement Sam et l’équipe à ne pas avoir à répondre à toutes les questions», a-t-il ajouté.
Ce coup de bluff, qui va à l’encontre des recommandations de la FIFA – celle-ci demande aux sélections d’amener en conférence de presse une joueuse concernée par la rencontre du lendemain – a en tout cas fonctionné: la sélectionneuse de l’Irlande a confirmé avoir découvert la blessure de Kerr, à la dernière minute.
Le Nigeria, lui, n’aura pas la même surprise. Saura-t-il en profiter?