France – Trois semaines après son agression, Yvan Colonna est décédé

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FranceTrois semaines après son agression, Yvan Colonna est décédé

Le militant corse Yvan Colonna, condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac en 1998, est mort lundi des suites de son agression en prison.

Un portrait d’Yvan Colonna, dans les rues de Bastia lors d’une manifestation de soutien, le 13 mars 2022.

Un portrait d’Yvan Colonna, dans les rues de Bastia lors d’une manifestation de soutien, le 13 mars 2022.

AFP

Yvan Colonna, le militant indépendantiste corse condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac, est mort lundi soir à Marseille, après trois semaines de coma suite à son agression en prison, un drame qui avait entraîné de violentes manifestations sur l’île.

«La famille d’Yvan Colonna confirme son décès ce soir à l’hôpital de Marseille. Elle demande que son deuil soit respecté et ne fera aucun commentaire», a indiqué son avocat Patrice Spinosi à l’AFP, par texto, rendant ainsi officielle une information également obtenue par l’AFP de trois sources policières et donnée initialement par le quotidien «Le Parisien».

«Yvan Colonna, patriote corse, bien vivant pour l’éternité! Nous serons toujours à tes côtés», a rapidement réagi sur Twitter, en langue corse, le parti Femu a Corsica de Gilles Simeoni, le président autonomiste du conseil exécutif de l’île. «Yvan Colonna, mort pour la Corse», a posté, toujours en corse, et encore sur le même réseau social, Core in Fronte, le principal parti indépendantiste.

«Strangulation»

L’annonce de ce décès n’a pas bouleversé le calme sur l’île de Beauté lundi soir. À Bastia, seules quelques dizaines de personnes se sont réunies, devant les grilles du palais de justice, où elles ont accroché deux banderoles frappées du slogan «Statu francese assassinu» (ndlr: «État français assassin»). Un autre rassemblement avait lieu à Ajaccio, devant la cathédrale, dans le silence.

Le militant nationaliste de 61 ans, auquel la justice avait accordé une suspension de peine «pour motif médical» jeudi, se trouvait entre la vie et la mort depuis sa violente agression début mars à la maison centrale d’Arles (Bouches-du-Rhône), où il purgeait sa peine pour la participation à l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998 à Ajaccio.

Il avait été très grièvement blessé par un codétenu radicalisé, Franck Elong Abé, un Camerounais de 36 ans présenté comme un «djihadiste» qui s’était acharné sur lui dans la salle de sport de la prison. Yvan Colonna avait été victime «d’une strangulation à mains nues puis d’un étouffement» avec un sac plastique, avait précisé le procureur de Tarascon, Laurent Gumbau.

Franck Elong Abé, qui purgeait plusieurs peines, dont une de neuf ans d’emprisonnement pour «association de malfaiteurs terroriste», a depuis été mis en examen pour tentative d’assassinat terroriste. Selon plusieurs sources, l’agresseur d’Yvan Colonna avait justifié son acte par le fait que le militant corse aurait blasphémé et «mal parlé du Prophète».

«État français assassin»

Cette agression avait provoqué une explosion de colère, avec des manifestations parfois violentes, à travers toute la Corse, et ce pendant près de deux semaines, derrière un mot d’ordre largement partagé d’«État français assassin». Ces tensions avaient culminé en émeutes le 13 mars à Bastia, avec une manifestation qui avait fait 102 blessés, dont 77 du côté des forces de l’ordre.

Cette colère était notamment motivée par la longueur de l’agression d’Yvan Colonna, près de huit minutes, sous le regard d’une caméra de surveillance, sans qu’aucun surveillant n’intervienne. C’est l’agresseur lui-même qui avait alerté les gardiens, expliquant qu’Yvan Colonna avait «fait un malaise».

Le calme est finalement revenu en Corse la semaine passée avec une visite de trois jours du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, lors de laquelle ce dernier a promis des discussions avec les élus corses et les forces vives de l’île qui pourraient mener à une éventuelle autonomie pour la collectivité.

(AFP)

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