Votations du 26 septembreLe mariage pour tous séduit une large majorité des Suisses
Selon la 1re vague du sondage «Tamedia/20 minutes», 64% de la population comptent accepter la modification du Code civil soumise à votation fin septembre. Le sort de l’initiative 99% est beaucoup plus incertain.
- par
- Olivia Beuchat
Les prochaines votations fédérales du 26 septembre paraissent encore loin. Mais les résultats de la 1re vague du sondage en ligne «Tamedia/20 minutes» permettent d’ores et déjà de dégager les premières tendances. Actuellement, le mariage pour tous séduit 64% des votants. Seuls 35% des Suisses comptent glisser un «non» dans l’urne. Le camp des indécis est très petit avec seulement 1%.
Les sympathisants de tous les partis, hormis ceux de l’UDC, se disent en faveur de la modification du Code civil suisse. L’objet est davantage soutenu en Suisse romande (66%) et en Suisse alémanique (64%) qu’au Tessin (58%). L’approbation est par ailleurs plus marquée en ville (69%) qu’à la campagne (61%). Le sondage révèle aussi que les jeunes sont bien plus nombreux à vouloir dire «oui» que les personnes âgées.
Selon la législation actuelle, deux femmes ou deux hommes ne peuvent se marier, en Suisse. Ils peuvent toutefois conclure un partenariat enregistré, qui n’équivaut pas en tout point au mariage. Le Parlement veut mettre fin à cette inégalité de traitement. Il a donné suite à une initiative parlementaire en ce sens et adopté le projet en décembre 2020. Un référendum d’un comité interpartis, composé principalement de représentants de l’UDF et de l’UDC, a été lancé contre ce projet. Ce comité estime que seul un homme et une femme devraient pouvoir contracter un mariage. Ce référendum a abouti et le peuple devra se prononcer le 26 septembre prochain.
Aujourd’hui, les personnes qui vivent en partenariat enregistré peuvent déjà adopter l’enfant de leur partenaire. Désormais, les couples de même sexe pourront aussi adopter conjointement un enfant. Les couples de femmes mariées pourront de surcroît recourir au don de sperme dans les conditions prévues par la loi. Le don de sperme anonyme, le don d’ovules et la gestation pour autrui resteront par contre interdits.
Résultat serré pour l’initiative 99%
Le résultat s’annonce bien plus serré pour le deuxième objet soumis à votation, soit l’initiative populaire «Alléger les impôts sur les salaires, imposer équitablement le capital», dit aussi initiative 99%. À l’heure actuelle, 45% des Suisses comptent l’accepter et 49% comptent la rejeter. Le camp des indécis se monte à 6%.
De grosses disparités se cristallisent au niveau de la préférence politique des votants. Ainsi, l’objet serait accepté par 81% des électeurs du PS et 78% des électeurs des Verts. En revanche, les sympathisants du PLR et de l’UDC s’y opposent massivement avec un taux de «non» de respectivement 77% et 69%.
La Suisse alémanique est la seule région linguistique à actuellement rejeter le texte (52% de «non»). La Suisse romande (52% de «oui») et le Tessin (46% de «oui»; 44% de «non»; 10% d’indécis) l’acceptent de justesse.
L’initiative «alléger les impôts sur les salaires, imposer équitablement le capital» veut imposer à 150% les parts du revenu du capital tels que les intérêts, les dividendes, les bénéfices réalisés sur les actions, les gains en capital ou les loyers, supérieurs à un certain montant. En Suisse, les inégalités de richesse augmentent depuis des années et le 1% le plus riche de la population possède désormais plus de 43% de la richesse totale du pays, déplorent les initiants (Jeunes socialistes). S’ils n’articulent aucun chiffre, ils proposent un seuil de taxation à 100’000 francs pour éviter de s’en prendre aux petits épargnants. Ainsi, un contribuable avec 150’000 francs de revenus du capital ne serait imposé que sur 50’000 francs. Les 10 milliards de francs de recettes fiscales générées en plus par leur méthode devraient soulager les Suisses les plus modestes via des baisses d’impôts ou en investissant dans les services publics.
Quelques informations sur le sondage
Le sondage en ligne de «Tamedia/20 minutes» a été réalisé du 9 au 10 août 2021. Au total, 17’784 personnes issues de toute la Suisse y ont participé. Les politologues Lucas Leemann et Fabio Wasserfallen ont pondéré les réponses en fonction de variables démographiques, géographiques et politiques afin de correspondre le plus étroitement possible à la structure de la population suisse. La marge d’erreur est de 1,2%.