Football: Histoire, symbole et tactique: une finale de Coupe de Suisse qui promet

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FootballHistoire, symbole et tactique: une finale de Coupe de Suisse qui promet

Dans une opposition de styles générales, Saint-Gall et Lugano peuvent mettre fin à des décennies d’attente dimanche au Wankdorf (14h).

Florian Vaney
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Florian Vaney
Entre Saint-Gallois et Luganais, plus qu’une frontière.

Entre Saint-Gallois et Luganais, plus qu’une frontière.

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Après avoir juré devant l’éternel qu’aucun contact entre lui et le Lausanne-Sport n’était établi, Uli Forte a grincé des dents. Rien à voir avec le match nul que son Yverdon Sport venait de concéder à Neuchâtel, ni même avec les rumeurs qui l’envoient remplacer Alain Casanova à la Tuilière. Non, dans les couloirs de la Maladière mardi, le technicien a pris un air peu sûr de lui lorsque le sujet de la finale de la Coupe de Suisse est apparu. «Je crains pour Saint-Gall», a grimacé l’ancien coach des Brodeurs (2008-2011). «Je les vois se ruer à l’attaque, prendre le mur qu’aura dressé Lugano et se faire avoir derrière.» Le scénario qu’Yverdon n’était pas parvenu à esquisser en demi-finale.

Ici tient toute l’opposition de styles qui promet d’illuminer le Wankdorf dimanche. La furia et l’intensité saint-galloise à gauche, la compacité et la verticalité luganaises à droite. Si elle pourrait être boudée côté romand, la finale promet. Symboliquement, historiquement, tactiquement. «Lugano a prévu de modifier son éternelle défense à cinq», prévient Maurizio Jacobacci, l’homme encore à la barre de l’équipe la saison dernière. Pour un coup de bluff de dernière minute? «Ça m’a plutôt l’air d’être une nécessité des hommes. La blessure de Mijat Maric change la donne. Soit Olivier Custodio descend en défense centrale, comme cela a déjà été fait, soit la ligne passe à quatre. Pour une finale, c’est normal de vouloir privilégier l’idée de placer les meilleurs joueurs à leur poste de prédilection.»

Les Tessinois ont employé leurs deux dernières sorties en Super League pour parfaire le changement. Comme pour mieux se distancer des deux valises encombrantes qu’ils trainent: ces deux défaites en 2022 face au rival vert, sans marquer le moindre but (0-2 et 3-0). «Réduire les espaces en défense, empêcher Jérémy Guillemenot et Kwadwo Duah de prendre la profondeur, bref déranger le plan établi: c’est tout leur défi.»

L’éternité prendra fin

Mais se détache-t-on si facilement de son passé? Spontanément, Maurizio Jacobacci repense à la douleur du quart de finale perdu face à Lucerne la saison dernière. Ce penalty, qui devait emmener tout le monde aux tirs au but, raté à la dernière minute. Cette sensation qui tout s’arrête d’un instant à l’autre. Côté Saint-Gall, c’est pareil pour Giorgio Contini. Lui se trouvait sur le terrain, le 1er juin 1998, lorsque le Lausanne-Sport a «volé» le titre au FCSG. «C’est un traumatisme. Tu sens que les gens, que la ville est déjà en train de préparer le sacre», soupire l’actuel entraîneur de Grasshopper. Léonard Thurre avait égalisé à la 90e. Le LS s’était imposé aux pénaltys.

«Le Wankdorf sera magnifique. Du vert et du blanc d’un côté. De noir et du blanc de l’autre. Ce sera quelque chose à voir.»

Maurizio Jacobacci, entraîneur du FC Lugano entre 2019 et 2021.

Depuis des lustres, Luganais et Saint-Gallois attendent. La dernière heure de gloire, c’était 1993 pour les premiers… 1969 pour les seconds. L’éternité prendra fin dans un camp pour dans l’autre dimanche. «Le mérite du parcours va à Lugano», pose Giorgio Contini. Mais avoir battu deux clubs de Super League plus tôt dans l’aventure pèsera-t-il vraiment bien lourd au moment d’en découdre? Toutes les questions sont bonnes à se poser à l’heure où le suspens grimpe.

Maurizio Jacobacci (à g.) et Giorgio Contini en avril 2021, lorsque le premier dirigeait Lugano et le second Lausanne-Sport.

Maurizio Jacobacci (à g.) et Giorgio Contini en avril 2021, lorsque le premier dirigeait Lugano et le second Lausanne-Sport.

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Maurizio Jacobacci y ajoute même des notes poétiques. «Le Wankdorf sera magnifique. Du vert et du blanc d’un côté. De noir et du blanc de l’autre. Ce sera quelque chose à voir.» Lui tient déjà son billet, VIP, pour ne rien manquer des débats. Par le cœur, il sera plus noir que vert. «Je garde des souvenirs merveilleux de mes deux ans à Lugano. Et puis, il me reste des liens très affectueux avec le staff et les joueurs.» Autrement dit, il fera un peu partie des 10’000 Tessinois attendus en infériorité numérique à Berne. «Comme quoi, quand il y a un enjeu d’importance, ils savent se mobiliser.» Référence à la terrible moyenne du Cornaredo, et ses moins de 3’000 spectateurs par match.

Autant y voir un signe. Et si la grande finale échappait à toute logique?

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