Soudan: 3 civils tués dans la guérilla entre militaires et paramilitaires

Actualisé

SoudanLes combats entre armée et paramilitaires font au moins 56 morts

La rivalité entre les généraux soudanais aux commandes du pays depuis 2021 a dégénéré samedi en combats de rue et raids aériens. Les appels au calme se multiplient, sans succès.

Les paramilitaires disent avoir pris le contrôle de l’aéroport international de Khartoum. Faux, rétorque l’armée.

Les paramilitaires disent avoir pris le contrôle de l’aéroport international de Khartoum. Faux, rétorque l’armée.

AFP

Les affrontements en cours au Soudan entre armée et paramilitaires ont causé la mort d’au moins 56 civils, ont rapporté des médecins pro-démocratie dimanche matin, évoquant également des «dizaines de morts» parmi les forces de sécurité, non comptabilisés dans ce bilan. 

Samedi, la rivalité entre les deux généraux aux commandes depuis le putsch de 2021 a dégénéré en combats de rue, raids aériens et menaces par médias interposés. À Khartoum, toujours théâtre de tirs et explosions dimanche, des médecins pro-démocratie multiplient les appels en ligne aux volontaires évoquant «un grand nombre de blessés dont certains grièvement».

Les appels à un cessez-le-feu «immédiat» – lancés par l’ONU, Washington, Moscou, Paris, Rome, l’Union africaine, la Ligue arabe, l’Union européenne et même par l’ancien Premier ministre civil Abdallah Hamdok – n’y font rien. «J’appelle les hauts commandants militaires à cesser immédiatement de se battre» a tweeté l’ambassadeur américain John Godfrey disant s’abriter lui aussi à Khartoum.

Dimanche, la Ligue arabe annonce une réunion d’urgence sur le Soudan, à la demande du Caire – où elle siège – et de Ryad, deux grands alliés de l’armée soudanaise, aux prises avec les paramilitaires qui veulent désormais la déloger du pouvoir.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé les deux belligérants: le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhane, et le patron des paramilitaires, Mohamed Hamdane Daglo, dit «Hemedti», mais aussi le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour réclamer «un arrêt immédiat de la violence».

Réveil au son des tirs à l’arme lourde et des explosions

Les paramilitaires «ne s’arrêteront pas avant d’avoir pris le contrôle de l’ensemble des bases militaires», a menacé, parlant vite et fort au téléphone sur la chaîne Al-Jazira, leur commandant, le général Mohamed Hamdane Daglo, dit «Hemedti». Ses Forces de soutien rapide (FSR) – des milliers d’ex-miliciens de la guerre du Darfour devenus supplétifs de l’armée – ont dit avoir pris l’aéroport international et le palais présidentiel.

Le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, lui, assure avoir été «surpris à 9 heures du matin» par une attaque de son QG par les FSR, son ancien meilleur allié que l’armée qualifie désormais de «milice soutenue par l’étranger» pour mener sa «trahison».

Les 45 millions de Soudanais, eux, se sont brutalement réveillés en plein cœur du jeûne de ramadan au son des tirs à l’arme lourde et des explosions à Khartoum et dans plusieurs autres villes. Selon un premier bilan du syndicat officiel des médecins, trois civils ont été tués – deux à Khartoum et un à El-Obeïd (sud).

Guerre de pouvoir

Depuis des jours, la rue bruissait de rumeurs sur une guérilla imminente entre les deux camps. Pour les experts, les deux commandants faisaient monter les enchères alors que les civils et la communauté internationale tentent de leur faire signer un accord politique censé relancer la transition démocratique.

Le différend entre les deux hommes forts porte sur l’avenir des paramilitaires: l’armée ne refuse pas leur intégration aux troupes régulières mais elle veut imposer ses conditions d’admission et limiter dans le temps leur incorporation. Le général Daglo, lui, veut une inclusion large et, surtout, sa place au sein de l’état-major.

Avion de ligne saoudien touché par des tirs à l’aéroport

Un avion de ligne de Saudi Airlines a été touché par des tirs samedi à l’aéroport de Khartoum, a annoncé la compagnie nationale du royaume. L’Airbus A330 à destination de l’Arabie saoudite «a été endommagé par des tirs d’armes à feu (…) alors que des passagers et l’équipage se trouvaient à bord» avant son décollage pour Ryad, a précisé Saudia dans un communiqué.

La compagnie n’a pas fait état de victimes et a précisé que «tous les membres de l’équipage de l’avion (étaient) arrivés sains et saufs à l’ambassade d’Arabie saoudite au Soudan». «Les avions survolant le Soudan sont revenus et tous les autres vols à destination et en provenance du Soudan ont été suspendus, afin de préserver la sécurité des passagers et des équipages», a ajouté Saudia.

(AFP)

Ton opinion