Dérégulation agricole: L’UDC veut déclarer «l’urgence alimentaire»

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Dérégulation agricoleL’UDC veut déclarer «l’urgence alimentaire»

Dans les suites de la guerre en Ukraine, l’UDC propose de mettre entre parenthèses la politique visant à assurer la biodiversité pour intensifier la production en Suisse. Des milliers d’hectares sont en jeu.

Eric Felley
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Eric Felley
L’UDC veut rendre cultivable les surfaces de compensation écologiques prévues par le Conseil fédéral.

L’UDC veut rendre cultivable les surfaces de compensation écologiques prévues par le Conseil fédéral.

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La guerre en Ukraine a déjà fait réagir les milieux en faveur de l’armée, c’est au tour des milieux agricoles de donner de la voix en exigeant des mesures visant à favoriser une production plus intensive en Suisse. Dans un communiqué paru lundi, le conseiller national Jacques Nicolet (UDC/VD) précise la démarche qui rappelle le fameux Plan Wahlen lors de la Seconde Guerre mondiale: «Les parlementaires UDC sont intervenus afin de demander au Conseil fédéral des mesures provisoires et concrètes, permettant de renforcer la production de denrées alimentaires indigènes».

La moitié de nos assiettes importée

L’UDC évoque aujourd’hui «l’urgence alimentaire», qui n’est pas sans faire référence à l’urgence climatique. Pour l’élu vaudois: «La situation actuelle en Ukraine va nous conduire pour quelques années vers une crise alimentaire de niveau mondial et nous ne serons pas épargnés. Cette crise, additionnée à la perte des terres agricoles enregistrée ces 30 dernières années de l’ordre de 1 m2 par seconde, nous rendra encore plus tributaires des importations de denrées alimentaires. Alors que nous sommes déjà tributaires de l’importation pour la moitié du contenu de nos assiettes».

Des milliers d’hectares à récupérer

Pour y parvenir, l’UDC se défend de vouloir nuire à la diversité, mais elle propose des mesures qui permettent de récupérer des surfaces dévolues aux compensations écologiques. Elle demande ainsi de remplacer «les 3500 hectares consacrés à des pratiques culturales improductives, telles que les jachères et les bandes culturales extensives, par des cultures assurant la production de denrées alimentaires». Dans le même ordre d’idée, elle demande au Conseil fédéral de suspendre son prochain train d’ordonnances «qui prévoit de consacrer 3,5% des 400’000 ha de terres assolées à la promotion de la biodiversité». Ces 14 000 hectares resteraient consacrés à la production de denrées alimentaires.

Autoriser les farines animales

D’autres demandes visent à booster la production. L’UDC demande de «surseoir aux mesures de réduction de production et permettre une marge de tolérance pour les apports d’intrants dans les bilans de fumure», ainsi qu’autoriser à nouveau «l’utilisation de protéines animales adaptées à certains animaux comme les volailles et les porcs». Enfin la Suisse doit «encourager la production de céréales panifiables, d’oléagineux, de pommes de terre, de divers légumes et de betteraves à sucre».

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