PsychédéliqueBon anniversaire au LSD, qui fête aujourd’hui ses 80 ans!
La substance hallucinogène, inventée un peu par hasard par le chimiste suisse Albert Hofmann, a traversé les âges, bien qu’elle reste strictement prohibée.
- par
- Eric Felley
L’histoire fait partie de la pop culture. Le 19 avril 1943, le chimiste suisse Albert Hofmann, 37 ans, employé chez Sandoz, prend volontairement pour la première fois une dose d’acide lysergique diéthylamide, (en allemand «Lysergsäurediethylamid», abrégé en LSD). Trois jours avant, une goutte était incidemment tombée en contact avec son organisme. Il avait ressenti des troubles et des vertiges. Après être rentré chez lui et s’être installé sur un sofa, il a eu selon ses dires «des visions magnifiques, je voyais des images multicolores. Ça a duré quelques heures, puis les images ont disparu».
En bon scientifique, il a voulu en avoir le cœur net en prenant trois jours plus tard une dose de 250 microgrammes de cette substance. La dose était énorme et il a éprouvé rapidement les symptômes trop puissants du LSD, soit des changements dans sa perception de l’espace, des couleurs ou des formes. Il a décidé de quitter son bureau et de rentrer chez lui à vélo. Durant cette balade, devenue mythique, il est devenu anxieux, craignant même de s’être fatalement empoisonné. Ce fut le premier «bad trip» de l’histoire.
L’ergot de seigle
En réalité, il avait découvert le LSD cinq ans auparavant, en modifiant la molécule de l’ergot de seigle. Il travaillait alors sur un nouveau médicament analeptique, qui devait servir de stimulant respiratoire ou circulatoire. Mais il n’en avait jamais pris. Sa balade à vélo lui a fait découvrir les puissants effets hallucinogènes du produit sur les sens. Dès lors le chimiste le destinait à être utilisé en psychiatrie ou en neurologie. Mais il n’imaginait pas que le LSD allait devenir un phénomène, une drogue qui allait marquer toute une génération.
Psychédélique en acide
Après l’expérience de 1943, le LSD est demeuré dans les laboratoires, où Sandoz en a produit entre 1947 et 1965, année où il a été interdit par le Congrès américain. Il faut dire qu’entre-temps, le LSD s’était échappé des laboratoires pour trouver un autre usage chez les jeunes de la génération hippie, qui lui a donné le surnom d’«acide». Il contribua largement au mouvement psychédélique dans les sixties sous l’impulsion du psychologue Thimoty Leary ou de l’écrivain Aldous Huxley (qui est mort d’ailleurs en se faisant faire deux injections de LSD par sa femme). Le mouvement s’étendit à la musique rock (Jimi Hendrix, Pink Floyd, etc.), à la mode ou au design.
Toujours prohibé
Considéré comme une drogue, le LSD reste aujourd’hui prohibé dans tous les pays. En Suisse, l’Office fédéral de la santé publique peut accorder des autorisations exceptionnelles pour la recherche ou des psychothérapies. Une seule pharmacie du canton de Bâle a l’autorisation de fournir du LSD pour toute la Suisse.
Jusqu’à la fin de sa vie (il est mort à 102 ans en 2008), Albert Hofmann a travaillé pour la réhabilitation de son produit, estimant qu’en maîtrisant son dosage, il avait «la capacité de faire progresser la condition spirituelle des êtres humains»