VaudLe père incestueux écope de 15 ans de prison
Vendredi, le Tribunal d’Yverdon a reconnu un père coupable d’inceste et de viol sur sa fille, qu’il rémunérait pour les actes sexuels. La mère a aussi été condamnée pour complicité.
- par
- Lauren von Beust
Il était accusé d’avoir abusé de sa fille pendant plusieurs années et de l’avoir rémunérée pour ces actes sexuels. Vendredi, ce père de famille a été reconnu coupable notamment de viol, inceste et violation du devoir d’assistance ou d’éducation. Le quinquagénaire a été condamné par le Tribunal d’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois à Yverdon (VD) à quinze ans de prison. La mère, qui avait tout fait pour étouffer les faits après que sa fille lui avait tout raconté en 2020, a, elle, écopé de quatre ans d’emprisonnement pour complicité.
Les attouchements avaient débuté lors de vacances en Espagne, en 2013, lorsque la fillette avait onze ans. De retour au domicile familial dans le Gros-de-Vaud, les abus avaient continué, le soir, sur le canapé, quand tout le monde était couché. Avant que le patriarche n’aille plus loin avec des demandes de masturbation, des fellations et des pénétrations souvent sans préservatifs. Des actes sexuels infligés à la chair de sa chair plusieurs fois par semaine, pendant six ans, et pour lesquels le père rémunérait sa progéniture: 20 francs pour une fellation et 50 francs pour une relation complète.
«Elle était objet de ses pulsions»
La justice a reproché au prévenu le déni de la violence qu’il a imposée à son enfant et le manque d’empathie à l’égard de cette dernière, à qui il devra 80’000 francs pour tort moral. «Il a joué un rôle destructeur pour sa fille, qui a été sa chose, l’objet de toutes ses pulsions», a déclaré vendredi la présidente du tribunal. Quant à la mère, «elle savait les abus et a choisi de les ignorer. Elle a sacrifié sa fille pour ne pas renoncer à son modèle de famille idéale.» En outre, les deux parents ont été condamnés pour avoir élevé leurs enfants dans un climat de violence physique et verbale. La seule fille de la famille avait expliqué avoir été souvent insultée et rabaissée, tout comme l’a été son frère cadet, aujourd’hui 16 ans, et atteint du syndrome de Prader Willi. Vers 2013, la mère, souffrant d’un état dépressif, avait même accumulé des médicaments dans le but de tuer tous les membres de la famille.
«Ma cliente a été entendue»
«Ma cliente a le sentiment qu’on lui a rendu ses années d’enfance et d’adolescence volées. Elle a été écoutée et entendue, a déclaré Me Coralie Devaud, avocate de la plaignante aujourd’hui âgée de 22 ans. C’est en revanche très compliqué au vu de la condamnation de sa mère. Elle n’a déjà plus de père…» La jeune femme vit dans un foyer mais dort chez sa mère plusieurs fois par semaine.
«C’est un choc. La sanction est lourde. Elle voulait être présente pour ses enfants…», a réagi, à son tour, l’avocate de l’accusée, Me Anne-Claire Boudry, qui va faire appel. Le défenseur du prévenu n’a, quant à lui, pas souhaité s’exprimer. La justice a aussi décidé que les accusés ne pourraient plus pratiquer d’activités impliquant des contacts réguliers avec des mineurs pendant dix ans.