Ce pansement détecte et répare les fuites après une opération ventrale

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DécouverteCe pansement détecte et répare les fuites après une opération ventrale

Des chercheurs suisses ont mis au point un patch qui non seulement scelle les sutures qui lâchent dans l’abdomen, mais en plus donne l’alerte.

Comm/M.P.
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Le pansement empêche les sucs digestifs très acides et les résidus alimentaires chargés de germes de s’échapper du canal intestinal -

Le pansement empêche les sucs digestifs très acides et les résidus alimentaires chargés de germes de s’échapper du canal intestinal -

Empa

Après une opération dans la cavité abdominale, les fuites au niveau des sutures sont particulièrement redoutées. Le contenu du tube digestif s’écoule alors dans la cavité abdominale. «Aujourd’hui encore, de telles fuites représentent une complication potentiellement mortelle», explique Inge Herrmann, chercheuse au Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) et professeure à l’EPFZ pour les systèmes nanoparticulaires. Elles se produisent après près de 10% des interventions.

L’idée de sceller ensuite les tissus suturés dans la cavité abdominale avec un pansement a certes déjà fait son chemin dans la salle d’opération. Mais le succès clinique n’est pas toujours optimal et varie en fonction des tissus collés. En effet, les pansements composés d’un matériau contenant des protéines se dissolvent trop rapidement au contact des sucs digestifs.

Empêcher péritonite et septicémie

Dans le cadre d’une coopération de longue date, Inge Herrmann et Andrea Schlegel, chirurgienne à l’Hôpital universitaire de Zurich, ont donc poursuivi l’idée de trouver une solution innovante à ce problème. Alexandre Anthis, de l’Empa à Saint-Gall et de l’EPFZ, a donc d’abord développé, sous la direction d’Inge Herrmann, un pansement en hydrogel polymère qui empêche les sucs digestifs très acides et les résidus alimentaires chargés de germes de s’échapper du canal intestinal et de déclencher une péritonite, voire une septicémie (empoisonnement du sang) potentiellement mortelle.

Mais les chercheurs ont voulu aller encore plus loin: «Les chirurgiens nous ont rapporté qu’ils avaient certes une vue précise du champ opératoire pendant une intervention, aussi compliquée soit-elle, mais qu’une fois la cavité abdominale fermée, ils étaient «aveugles» et ne remarquaient éventuellement les fuites que lorsqu’il était trop tard», explique Alexandre Anthis. Pour que le pansement hydrogel «apprenne à voir», l’équipe a donc élaboré une solution en collaboration avec des hôpitaux en Suisse et des partenaires de recherche internationaux.

Il réagit au pH et à des protéines

Le pansement est équipé de capteurs non électroniques qui donnent l’alerte avant même que les sucs digestifs ne s’écoulent dans la cavité abdominale. Les chercheurs ont publié un article sur cette nouvelle technologie dans la célèbre revue «Nature Communications».

Le nouveau matériau obtient sa «vision» grâce à une réaction sensible aux modifications du pH et à la présence de certaines protéines dans l’environnement de la plaie. Selon la localisation de la fuite, la réaction se produit en quelques minutes ou en quelques heures. Jusqu’à présent, le personnel de santé devait se fier à des réactions physiques nettement plus tardives des personnes concernées ou à des tests de laboratoire, ces deux indices fournissant parfois trop tard une indication claire de la présence d’une suture non étanche.

Capable de libérer des médicaments

En revanche, le patch capteur permet, grâce à sa structure composite, de détecter le liquide digestif qui s’échappe en cas de fuite. Le suc gastrique acide, par exemple, réagit avec le matériau du capteur, de sorte que de très fines bulles de gaz apparaissent dans la matrice du patch. Ces bulles peuvent ensuite être rendues visibles par ultrasons. «Les patchs peuvent être équipés de capteurs sur mesure pour différents endroits du tube digestif», explique Alexandre Anthis. En outre, le patch peut même libérer des médicaments, par exemple des agents antibactériens, si nécessaire.

Dans la dernière étape de développement, Benjamin Suter, chercheur à l’Empa et à l’EPFZ, a doté le patch de capacités supplémentaires en collaboration avec Anthis et Herrmann. La réaction du capteur s’enrichit d’une modification visible lors d’examens du patient par tomodensitométrie (TDM). Si la zone opérée n’est pas étanche, les variations de contraste sur les images échographiques et tomodensitométriques indiquent une fuite.

La présentation du patch.

Empa

Cette détection est en outre facilitée par la nouvelle composition du matériau du capteur intégré qui, grâce à un composé d’oxyde de tantale insoluble, peut être mis en forme de manière à attirer l’attention dans les procédés d’imagerie. Au contact du liquide digestif, il change de forme, passant par exemple de circulaire à annulaire. «Un capteur dont la forme se distingue clairement des structures anatomiques sur les images de scanner et les échographies pourrait à l’avenir éviter toute ambiguïté dans le diagnostic», explique Inge Herrmann, chef d’équipe.

Raccourcir les séjours hospitaliers

En outre, le matériau atteint les propriétés nécessaires à la fermeture des plaies: une liaison stable au tissu, la formation de réseaux, la stabilité face aux sucs digestifs et l’imperméabilité. Ce super adhésif biocompatible et bon marché, composé en grande partie d’eau, pourrait ainsi non seulement réduire le risque de complications après une opération abdominale, mais aussi raccourcir les séjours hospitaliers et économiser des frais de santé. «Le projet de pansement intestinal suscite déjà un grand intérêt de la part du corps médical», rapporte Inge Herrmann. Il s’agit maintenant de faire avancer l’application de cette innovation cliniquement pertinente dans la pratique.

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