JO 2022Cuche: «La seule chose que Beat peut encore améliorer, c’est le lancer du ski!»
Le légendaire skieur neuchâtelois a décrypté la descente olympique victorieuse du Bernois.
- par
- Chris Geiger
Beat Feuz est entré dans l’histoire, lundi à Yanqing, en devenant champion olympique de descente. Quatrième Suisse à s’offrir l’or dans la discipline reine, le Bernois de 34 ans est entré dans le «Golden Group» des skieurs ayant aussi remporté le titre mondial et un globe de cristal dans la discipline, ainsi que les descentes de Wengen et de Kitzbühel.
Pour y parvenir, «Kugelblitz» a réussi une performance irréprochable sur la neige artificielle chinoise. «Beat n’a pas fait la différence à un endroit précis, souligne Didier Cuche. En revanche, il a fait une course tout simplement parfaite. Je n’ai personne en tête qui a fait une course aussi parfaite, si ce n’est peut-être Johan Clarey. Mais Beat a été encore plus précis que le Français.»
Le vétéran tricolore (41 ans) a finalement échoué à dix centièmes du skieur de Schangnau, lequel a parfaitement négocié les endroits-clés de la piste «Rock». «Beat a été très bon sur le haut, notamment dans la longue traverse après le passage délicat en aveugle, où certains étaient trop bas pour bien reprendre la porte, détaille le Neuchâtelois de 47 ans. Il a également été super bon dans la partie finale, plus précisément dans les deux-trois virages qui la précédaient. Beaucoup s’y sont fait piéger. Ce passage était très important car, s’il était réussi, il permettait d’emmener de la vitesse pour les 10-15 dernières secondes jusqu’à l’arrivée. Pour ceux qui se rataient à cet endroit, il n’y avait en revanche plus grand chose à faire.»
Pour Didier Cuche, c’est surtout la finesse et l’adresse du Bernois qui lui ont permis de faire la différence lundi. «Il a été impressionnant de précision, notamment dans les endroits piégeux. Il a toujours été très précis dans sa ligne, même dans les dévers où beaucoup sont allés à la faute. Beat a fait parler sa science du toucher de neige, sur un revêtement qui paraissait très accrocheur, qui a posé des problèmes à plusieurs athlètes. Précision, efficacité, douceur: il est parvenu à tout réunir le Jour-J. C’est remarquable.»
Le skieur des Bugnenets, médaillé d’argent en super-G aux Jeux olympiques de Nagano en 1998, a également évoqué l’importance du matériel. «La clé s’est peut-être située au niveau du set-up, des réglages fins des carres et des chaussures, glisse-t-il. Lors de cette descente, il y a eu une grande domination de l’équipementier Head puisque ce dernier a placé quatre skieurs aux quatre premiers rangs.»
De bon augure pour Beat Feuz, Johan Clarey, Matthias Mayer et James Crawford en vue du super-G de mardi (dès 4h en Suisse). Le premier nommé, avec son vécu, pourrait d’ailleurs viser un improbable doublé. «Son expérience, avec la carrière qu’il est en train de faire, en dominant la descente depuis quatre saisons, l’a assurément aidé à trouver les clés plus rapidement que ses adversaires aujourd’hui (ndlr: lundi).»
Didier Cuche, lauréat de quatre globes de cristal en descente durant sa carrière, estime que Beat Feuz, malgré son incroyable palmarès, reste toutefois perfectible dans un domaine en particulier.
«Le seul endroit où Beat peut encore un peu travailler, c’est le lancer du ski», se marre le Neuchâtelois, en référence au «trick» réalisé par le Bernois à l’issue de sa course victorieuse. «Il l’avait déjà essayé quelques fois par le passé. Aujourd’hui, ça a presque passé correctement. Mais je pense qu’il faut qu’on se mette une fois en bas d’une piste durant quelques minutes pour faire des essais. Il faut que je lui explique deux-trois bases du lancer du ski pour qu’il y arrive parfaitement.»