Droits humains – La Croatie appelée à cesser les maltraitances de migrants

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Droits humainsLa Croatie appelée à cesser les maltraitances de migrants

Migrants parfois frappés par des policiers ou renvoyés nus, voire jetés dans une rivière: le Conseil de l’Europe épingle la Croatie, mais Zagreb a critiqué un rapport partial.

Le Comité européen pour la prévention de la torture demande à Zagreb «de veiller à ce que les cas de mauvais traitements présumés envers les migrants (ici près de la ville de Velika Kladusa, en Bosnie, tout près de la frontière avec la Croatie) fassent l’objet d’enquêtes effectives».

Le Comité européen pour la prévention de la torture demande à Zagreb «de veiller à ce que les cas de mauvais traitements présumés envers les migrants (ici près de la ville de Velika Kladusa, en Bosnie, tout près de la frontière avec la Croatie) fassent l’objet d’enquêtes effectives».

Reuters

Le Conseil de l’Europe a demandé, vendredi, à la Croatie d’agir contre les maltraitances des migrants, parfois frappés ou renvoyés nus, par des policiers, selon plusieurs témoignages. Le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) «demande instamment aux autorités croates de prendre des mesures énergiques pour empêcher les migrants d’être maltraités par des policiers».

Dans un rapport publié vendredi, il est aussi demandé à Zagreb «de veiller à ce que les cas de mauvais traitements présumés fassent l’objet d’enquêtes effectives». Ce rapport a été rédigé à la suite d’une visite, en août 2020, du CPT, «plus particulièrement le long de la zone frontalière avec la Bosnie-Herzégovine».

Entretiens en Bosnie

«Pour la première fois depuis que le CPT a commencé à se rendre en Croatie, en 1998, il y a manifestement eu des difficultés de coopération», avec des informations incomplètes et des difficultés d’accès aux documents souhaités, critique le Conseil de l’Europe. Outre les visites dans des commissariats croates et dans un centre d’accueil, les membres du CPT ont réalisé des entretiens de l’autre côté de la frontière, en Bosnie-Herzégovine.

Accompagnée de médecins légistes, la délégation sur place «a reçu de nombreuses allégations crédibles et concordantes de mauvais traitements physiques infligés à des migrants par les policiers croates». «Les mauvais traitements allégués consistaient en des gifles, des coups de pied, des coups de matraque ou des coups assénés avec d’autres objets, comme des crosses ou des canons d’armes à feu, des bâtons ou des branches d’arbre», détaille le rapport.

Auteurs difficilement identifiables

Plus grave, «certains ont été contraints de marcher pieds nus à travers la forêt, jusqu’à la frontière, et jetés dans la rivière Korana, qui sépare la Croatie de la Bosnie-Herzégovine, alors que leurs mains étaient toujours entravées par des menottes en plastique». Le rapport poursuit que d’autres migrants «ont affirmé avoir été renvoyés en Bosnie-Herzégovine en sous-vêtements et, dans certains cas, entièrement nus». Le texte pointe également qu’«aucun mécanisme efficace» n’existe pour identifier les auteurs de ces mauvais traitements présumés.

Si le Conseil de l’Europe reconnaît «les grandes difficultés auxquelles sont confrontées les autorités croates pour faire face» à l’afflux de migrants, il réclame à la Croatie de «respecter ses obligations en matière de droits de l’homme» et de s’engager à mettre fin à ces mauvais traitements.

Zagreb critique un rapport «unilatéral»

«Et comment la Croatie peut-elle protéger ses frontières? Avec des balalaïkas (un instrument de musique, ndlr)?» a ironisé le président de la Croatie, Zoran Milanovic, ajoutant, auprès de journalistes, que «parfois la police doit tout simplement faire usage de la force».

De son côté, le ministère croate de l’Intérieur a estimé que le rapport du Conseil de l’Europe était «unilatéral» et «basé sur des informations invérifiables en provenance de Bosnie-Herzégovine». Le CPT «a de toute évidence outrepassé ses pouvoirs», a indiqué le ministère, précisant que les arguments croates, remis fin 2020, n’avaient été ni acceptés, ni publiés.

(AFP)

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