Hockey sur glacePourquoi Fribourg-Gottéron est si fort à domicile
Fribourg-Gottéron est la meilleure équipe de National League sur sa patinoire. Invaincus à domicile en quarts, les Dragons le resteront-ils aussi en demi-finale contre les ZSC Lions? Premier acte vendredi à la BCF Arena (20h).
- par
- Cyrill Pasche
Il y avait déjà comme «un truc» dans l’air à l’époque de l’ancienne patinoire, Saint-Léonard. Quelque chose d’intimidant pour l’adversaire, un supplément d’âme pour Fribourg-Gottéron lorsqu’il évolue sur sa glace. Jouer contre Gottéron à Fribourg, c’est un peu comme patiner avec le vent de face. À moins qu’il ne s’agisse du souffle du Dragon?
La transformation de Saint-Léonard en superbe BCF Arena n’a rien enlevé à la magie. Fribourg-Gottéron est encore plus fort qu’avant lorsqu’il joue à domicile. L’équipe de Christian Dubé est ce qui se fait de mieux en Suisse lorsqu’elle patine sur sa glace: les Dragons sont tout simplement les meilleurs à domicile. 25 matches de saison régulière, 21 victoires. Personne n’a fait mieux. Venir jouer à Fribourg, c’est abandonner une grande partie de ses espoirs de victoire en franchissant la porte des vestiaires. À quoi est-ce dû? À d’éventuelles forces surnaturelles, au souffle du Dragon?
«La première raison de la force de Gottéron à domicile, c’est quand même la qualité de l’équipe sur la glace, précise Geoffrey Vauclair, ancien joueur de Fribourg-Gottéron et Lugano notamment. Elle est encore meilleure et plus talentueuse que celle de 2013. Ensuite, il faut reconnaître qu’à Fribourg, quand près de 9000 «énervés» mettent de l’ambiance, c’est quelque chose. Disons qu’il y a pas mal de caractère et de ferveur qui descendent des gradins!»
Le Lausanne HC en sait quelque chose: en trois matches de quart de finale joués à la BCF Arena, les Lions sont à chaque fois rentrés bredouilles: 2-0 au premier match, puis deux défaites en prolongations aux actes III et V (3-2 et 5-4 après prolongation).
Pour Gerd Zenhäusern aussi, la force et le potentiel d’intimidation des Dragons viennent en premier lieu de la glace. «La seule explication qui ne semble pas trop farfelue, c’est que le jeu et la constance de l’équipe cette saison a donné de la confiance à tout le monde, y compris à nos fans, estime l’assistant GM de Gottéron. À Fribourg, il y a de tout temps eu une forme d’euphorie à la patinoire, poursuit l’ex-coach de l’équipe. Mais la qualité du jeu actuel a créé une dynamique positive qui se transporte des joueurs aux gradins et vice versa. Nous avons gagné des matches, puis le stade a très vite affiché complet à chaque match. Tout s’est enchaîné. Par le passé, lorsque la constance n’était pas une évidence dans le jeu de Gottéron, les émotions allaient dans tous les sens et nous jouaient parfois des tours. Aujourd’hui, les adversaires craignent avant tout une chose lorsqu’ils viennent jouer chez nous: la qualité de notre équipe.»
La vocation de la nouvelle patinoire, dont la façade extérieure renvoie aux écailles d’un Dragon et l’intérieur est volontairement sombre, est d’apporter un supplément d’âme aux hockeyeurs fribourgeois.
La forte déclivité des gradins – comme dans l’ancien stade – a été conservée: dans un bâtiment qui a triplé de volume depuis sa rénovation, ceux-ci semblent grimper à l’infini. «Ces gradins qui sont très inclinés, c’est quelque chose que l’on ne retrouve pas vraiment ailleurs. Depuis la glace, on ne voit pas la fin des gradins et on a l’impression que ceux-ci ne s’arrêtent jamais, explique le défenseur de Gottéron Jérémie Kamerzin, qui a aussi porté le maillot du CP Berne dans sa carrière. Premièrement, je pense que c’est dur de jouer à Fribourg parce que l’équipe est forte. Mais il y a peut-être aussi un biais là autour. Moi, on m’a toujours dit lorsque j’étais adversaire: tu verras à Fribourg, c’est dur d’aller jouer. Pour finir, à force d’entendre ça, tous nos adversaires doivent en être convaincus, et c’est tant mieux», rigole l’arrière des Dragons.
L’impression d’avoir les fans sur le dos
Vu de la glace, la sensation d’immensité n’en devient que plus grande. La proximité du public, elle, a pu être conservée. «À Fribourg, on a toujours eu l’impression que les fans pouvaient nous toucher tellement ils sont proches de la glace. Pour les adversaires, jouer à Fribourg, c’est étouffant», souligne Geoffrey Vauclair, un ancien Dragon.
Une forteresse
Stéphane Rochette, consultant vedette de la chaîne MySports, est du même avis: «À Fribourg, on a l’impression d’avoir les fans sur le dos. C’était déjà le cas quand j’arbitrais: j’avais le sentiment que Roger ou Jacques allaient me taper sur l’épaule et me dire: hey arbitre, réveille-toi! L’inclinaison des gradins fait que cette sensation de proximité des fans a pu être maintenue.»
Les ZSC Lions, prochain adversaire des Dragons dès vendredi en demi-finale, seront-ils les premiers à faire tomber l’équipe de Dubé entre ses quatre murs? Pour se rendre jusqu’en finale, FR Gottéron, qui bénéficie de l’avantage dela glace, peut toutefois se «contenter» de rester parfait sur sa patinoire, ou plutôt, sa forteresse.