RéparationLe mea culpa de la Suisse pour les adoptés du Sri Lanka
Dans les années 70, 80 et 90, une filière criminelle proposait des enfants sri lankais à l’adoption en Suisse. Les autorités savaient, aujourd’hui elles s’excusent et tentent de réparer.
- par
- Eric Felley
Jusque dans les années 1990, quelque 880 enfants ont été adoptés par des couples suisses au Sri Lanka de manière illégale. Ces nouveau-nés venaient de «fermes à bébés», où ils étaient conçus uniquement en vue de l’adoption organisée par des trafiquants d’enfants. De faux actes de naissance étaient établis. À l’époque, les autorités fédérales et cantonales étaient au courant, mais elles n’ont pas réagi comme elles auraient dû.
Une quête difficile
Il y a quatre ans a été fondée une association nommée Back to the Roots (retour aux racines ou BttR), qui aide ces enfants devenus adultes à retrouver leurs origines et si possible leurs parents biologiques. Ce n’est pas une tâche facile puisque les actes de naissance ont été falsifiés, notamment le nom de la mère. Sur les 250 personnes adoptées qui ont pris depuis contact avec Back to the Roots, douze seulement ont trouvé au moins un de leurs parents au Sri Lanka.
Des recherches en Suisse et au Sri Lanka
Pour essayer d’être plus efficace, la Confédération, représentée par Karin Keller-Sutter, les cantons et l’association Back to the Roots, présidée par Sarah Ineichen, ont signé lundi une convention, qui prévoit un budget de 250 000 francs par an durant trois ans pour aider aux recherches en Suisse et au Sri Lanka.
L’affaire des enfants adoptés au Sri Lanka dans les années 70, 80 et 90 avait occupé le Parlement en 2017, lors de l’acceptation d’un postulat de Rebecca Ruiz (PS/VD) sur cette question. Le Conseil fédéral avait fait procéder à une enquête, dont le rapport a été publié le 11 décembre 2020. «Malgré l’existence précoce d’indices manifestes sur les pratiques illégales des intermédiaires en vue d’adoption au Sri Lanka, la Confédération et les cantons ont traîné à prendre des mesures pour mettre un terme à ces dysfonctionnements», relèvent les conclusions.
Le regret des autorités fédérales et cantonales
Karine Keller-Sutter a déclaré lundi que les autorités helvétiques se devaient de réparer son manque de réaction, même si «beaucoup de souffrances ne peuvent plus être effacées». Dans un communiqué publié lundi: «Le Conseil fédéral et la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police, ont exprimé leurs regrets, déplorant que la Confédération et les cantons n’aient pas assumé leur responsabilité envers ces enfants».