La majorité au Conseil d’Etat genevois ne tient qu’à un fil

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Elections à GenèveLa majorité au Conseil d’Etat ne tient qu’à un fil

Large gagnante au Grand Conseil, la droite n’est pas assurée de rééditer sa victoire à l’Exécutif. Une gauche unie, dont les candidats ont fait de bons scores, peut conserver la majorité.

David Ramseyer
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David Ramseyer
La conseillère d’Etat chargée des Finances, la PLR Nathalie Fontanet (à gauche), a largement terminé en tête du premier tour. Sa colistière Anne Hiltpold (à droite), est en quatrième position.

La conseillère d’Etat chargée des Finances, la PLR Nathalie Fontanet (à gauche), a largement terminé en tête du premier tour. Sa colistière Anne Hiltpold (à droite), est en quatrième position.

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Les perdants d’aujourd'hui seront-ils les gagnants de demain? La question est légitime. Sortie affaiblie au Grand Conseil, la gauche pourrait cependant conserver sa majorité au Conseil d’Etat. Au soir du premier tour, elle place ses quatre candidats dans le septuor de tête. Les sortants, le PS Thierry Apothéloz (2e avec 38’232 voix), le Vert Antonio Hodgers (3e/35’490) et sa collègue de parti Fabienne Fischer (5e/31’403), ainsi que la socialiste Carole-Anne Kast (7e/31’289) seront au rendez-vous du second tour. Et les voir élus n’a rien d’un scénario farfelu, selon le président du PS, Thomas Wenger. «Nous partons unis, avec des réserves de voix non négligeables à l’extrême-gauche, éliminée de la course, et dans les milieux syndicaux. En face, ils se tirent dans les pattes.» Une analyse partagée à droite…. À moins que.

Vent favorable pour la droite 

Globalement, la droite a tout pour reprendre la main: une locomotive lancée à pleine vapeur en la personne de Nathalie Fontanet (PLR), d’abord. En ratant d’un cheveu son élection dès le premier tour, elle rend en réalité service à son parti, le PLR, qu’elle pourra continuer à tirer vers le haut au second tour, pour le bonheur de sa colistière Anne Hiltpold, auteure d’un très bon score. Les progressions de l’UDC et du MCG, ainsi que l’arrivée tambour battant au Grand Conseil de la formation Libertés et Justice sociale, tirée par une seconde locomotive, le revenant Pierre Maudet, montrent clairement que les Genevois ont viré à droite. Sauf que pour décrocher une majorité à l’Exécutif, il va falloir trouver des alliances, créer «une grande union».

Unité aux fissures éternelles

Mais entre qui? Les rancœurs sont vives, les divisions profondes. Dans le camp bourgeois, par exemple, s’entendre avec l’UDC et le MCG relève pour certains de l’ignominie. Pourtant, au PLR, d’autres estiment qu’il est temps: «Le peuple vient de dire qu’il veut une droite forte, lâche le député Murat-Julian Alder. Ensemble, on peut avoir quatre, voire cinq représentants. Je note par ailleurs que les formations les plus récalcitrantes à une large union de la droite, Le Centre et les Vert'libéraux, sont aussi les plus faibles de ce côté-ci de l’échiquier politique.»

UDC et MCG attendent bras ouverts l’accolade du PLR, principalement. «L'objectif numéro 1, c'est de faire basculer le Conseil d’Etat à droite, peu importe le nom des élus», résume Lionel Dugerdil, candidat du parti agrarien. Le président du MCG, François Baertschi, qui craint pour son candidat Philippe Morel si aucune alliance n’est scellée, se dit prêt à étudier toutes les propositions. Mais il relève que «l’apparentement pour le Grand Conseil entre nous et l’UDC a bien fonctionné». Une histoire à poursuivre?

Maudet en cavalier solitaire

Quid de Pierre Maudet? Sans l’aide de quiconque, Libertés et Justice sociale a réussi à arracher 10 sièges au Parlement et l’ex-conseiller d’Etat s’offre une 6e place au premier tour de l’Exécutif. S’il se dit prêt à conclure des unions électorales, Pierre Maudet n’en a pas forcément besoin: «Les Genevois en ont marre de ces parties de billard à trois bandes avec des alliances de circonstance. Nous avons (j’ai) la force suffisante et la légitimité d’un groupe parlementaire pour y parvenir.» Une désunion de la droite pourrait lui servir. Son ancienne formation exclut en tous cas de s’allier avec lui. «Les blessures sont encore trop vives et cela ferait imploser le parti», glissent deux ténors du PLR.

Les discussions entre dirigeants ont débuté dimanche soir, des assemblées sont agendées ce lundi et on devrait y voir plus clair d’ici mardi. Le candidat du Centre, Xavier Magnin - qui admet que sa candidature doit être «rediscutée» - estime que «désormais, dans pareille configuration, on fait de la realpolitik. Il n’y a plus de ligne rouge.»

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