Forum économique de Davos: Guterres dénonce «le grand mensonge» de l’industrie pétrolière

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Forum économique de DavosGuterres dénonce «le grand mensonge» de l’industrie pétrolière

Mercredi, au WEF, l’ONU a épinglé l’industrie pétrolière qui connaissait les risques du réchauffement climatique il y a quarante ans déjà.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est exprimé à Davos, mercredi.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est exprimé à Davos, mercredi.

AFP/Photo d’archives

«Certains géants pétroliers ont colporté le grand mensonge» sur le réchauffement climatique, a dénoncé mercredi à Davos le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, quelques jours après la publication d’une étude sur ce que savait la major américaine ExxonMobil de ce risque il y a quarante ans.

«Certains producteurs d’énergies fossiles étaient parfaitement conscients dans les années 1970 que leur produit phare allait faire brûler la planète. Mais comme l’industrie du tabac, ils ont fait peu de cas de leur propre science. Certains géants pétroliers ont colporté le grand mensonge», a affirmé le dirigeant présent au Forum de Davos.

Selon lui, «les responsables doivent être poursuivis» comme les cigarettiers l’ont été. Une référence aux 246 milliards de dollars que les géants du tabac aux États-Unis avaient accepté de payer en 1998 à 46 États sur une période de 25 ans, afin de couvrir les coûts engagés pour soigner d’anciens fumeurs.

Prédictions sur le réchauffement climatique

Dès les années 1980, le géant pétrolier ExxonMobil disposait de prédictions sur le réchauffement climatique d’une justesse remarquable, réalisées par ses propres scientifiques, et qui se sont révélées être précisément ce qui s’est produit plusieurs décennies plus tard, a confirmé une étude parue jeudi dans la prestigieuse revue Science.

Or, l’entreprise a pendant des années publiquement jeté le doute sur l’état des connaissances scientifiques en la matière, a également souligné cette publication. «Aujourd’hui, les producteurs de combustibles fossiles et ceux qui les soutiennent continuent de se battre pour accroître la production, tout en sachant pertinemment que leur modèle économique est incompatible avec la survie de l’humanité», a également affirmé Antonio Guterres.

«Cette folie relève de la science-fiction, alors que nous savons que l’effondrement de l’écosystème est un fait scientifique pur et dur», a martelé le secrétaire général, estimant que «nous flirtons avec le désastre climatique».

«Engagement complet du secteur privé»

Jeudi dernier, l’Organisation météorologique mondiale a confirmé que les huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. Plus largement, le secrétaire général de l’ONU a fustigé les engagements climatiques «douteux» ou «obscurs» de nombreuses entreprises sur un objectif de zéro émission de carbone. Cela «induit en erreur les consommateurs, les investisseurs et les régulateurs avec de faux récits», a-t-il affirmé, jugeant que cela ouvre la porte au «greenwashing».

«Nos engagements climatiques nécessitent l’engagement complet du secteur privé», a-t-il insisté, estimant que «la bataille pour tenir l’objectif de 1,5 degré (de réchauffement climatique) sera gagnée ou perdue au cours de cette décennie».

«Il faut que le pétrole reste en terre»

«Il y en a marre» d’exploiter les énergies fossiles: c’est le cri d’alarme lancé à Davos par la militante équatorienne d’Amazonie, Helena Gualinga qui, avec Greta Thunberg et d’autres jeunes militants, est l’un des nouveaux visages de la mobilisation contre le changement climatique.

Helena Gualinga, âgée de 20 ans, est devenue la porte-parole de sa communauté Sarayaku, en Amazonie équatorienne, qui réclame des droits et plus d’autonomie face à l’État et aux grandes compagnies pétrolières. «Il faut que le pétrole reste en terre, qu’on arrête d’exploiter les territoires indigènes, et pour cela, les droits des peuples indigènes, les droits collectifs sont très importants, a-t-elle plaidé lors d’un entretien avec l’AFP en marge de la réunion du Forum économique mondial, où elle participe à plusieurs débats cette semaine.

(AFP)

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