Hockey sur glaceBrodin aurait pu faire perdre son équipe trois fois avant de la faire gagner
L’attaquant suédois de 31 ans, qui a cumulé trois pénalités mineures face à Berne, aurait pu gâcher les festivités fribourgeoises mardi soir.
- par
- Julien Boegli Fribourg
Dans le monde merveilleux de Gottéron, il n’y a pas de mauvais joueurs, que de gentils bonshommes qui aident à rendre leur univers plus magique encore. Au sortir de la dixième victoire de suite obtenue mardi en championnat face à Berne (5-3) – sans compter une grosse poignée de succès en Champions League – les motifs de satisfaction étaient forcément multiples.
On aurait pu évoquer les mille et une raisons qui permettront aux Fribourgeois, après avoir battu le record de succès consécutifs du club réalisé il y a trente ans sous l’ère Bykov/Khomutov, de pulvériser dorénavant les 15 victoires d’affilée sans perdre de point du HC Lugano lors de l’exercice 88-89.
On aurait également pu louer cet état d’esprit remarquable, où le mot abandon est rayé du vocabulaire, qui permet de renverser n’importe quelle situation. Même un retard de deux longueurs face aux Bernois dans le dernier quart d’heure. Soyons honnête, avec un puck qui longe la ligne sans jamais la franchir (Mottet, 27e), une réussite de Sandro Schmid invalidée pour une obstruction sur le gardien (29e), ou encore l’expulsion dans le final de Chris DiDomenico (49e) et les cinq minutes d’infériorité numérique qui en découlaient, absolument tout prédisait un revers fribourgeois mardi.
On aurait tout aussi bien pu relever une fois de plus cette impressionnante complémentarité qui règne dans l’alignement offensif de Christian Dubé, avec trois premiers trios de valeur égale. Ou simplement signaler le retour au sommet de Julien Sprunger, très en vue mardi et pas uniquement parce qu’il portait à nouveau le maillot de topscorer – possession de Killian Mottet jusque-là. Le capitaine déborde d’envie et de rage et cela se voit sur la glace.
Non, on préférera tout compte fait revenir sur la drôle de soirée vécue par Daniel Brodin qui, par trois fois, aurait pu faire perdre son équipe mais qui au final a contribué à prolonger le plaisir jusqu’à vendredi au moins à Rapperswil.
Daniel Brodin, acte I
Pénalisé une première fois pour avoir accroché un adversaire après 3’15’’, le joueur originaire de Stockholm suivra l’égalisation bernoise, tombée 1’17’’ plus tard de la canne de Vincent Praplan, depuis le cachot. Cela faisait alors plus de 145 minutes de jeu que Reto Berra n’avait plus accordé le moindre but.
Daniel Brodin, acte II
L’horloge indique 11’06’’ à jouer dans la période intermédiaire. Il reste 3 secondes aux Fribourgeois en jeu de puissance et Sandro Schmid ramène les deux équipes à deux partout après avoir logé le puck dans un trou de souris au premier poteau. Berne demande alors son coach challenge. Après avoir longuement visionné la réussite du jeune attaquant de Gottéron, les directeurs de jeu décident de revenir sur leur décision. Raison invoquée: une obstruction de Brodin sur le gardien Daniel Manzato.
Daniel Brodin, acte III
On joue depuis 31’38’’ et les Dragons sont toujours menés d’une longueur. Le numéro 34 des lieux a maille à faire avec Thomas Thiry, membre du troisième duo défensif de l’équipe de la capitale. Les deux hommes sont logiquement envoyés «en prison». A quatre contre quatre, Colin Gerber profite de l’espace offert par l’absence des querelleurs pour inscrire le 3-1.
Plus tard, un autre différend avec ce même Colin Gerber (47e) conduira Brodin à un troisième passage sur le banc des pénalités. Sans conséquence cette fois-ci. L’ailier scandinave n’était-il à ce point pas capable de contenir ses nerfs dans ce duel houleux emmaillé de nombreuses punitions ? Pas forcément, non. De par son rôle - gêner et gratter coûte que coûte devant le gardien adverse - et sa position - demeurer en embuscade dans le slot - Daniel Brodin était régulièrement le premier à qui les Bernois pouvaient chercher des noises lorsque la menace se faisait sentir. Brodin a pris les coups autant qu’ils en a donnés.
Daniel Brodin, acte IV
On joue la 56e minute, celle qui a changé l’histoire. Fribourg est revenu sur les talons de son invité (Sprunger, 47e). A la bande, sur la gauche du but bernois, Brodin aperçoit David Desharnais, esseulé devant Manzato. Un coup d’œil et une passe décisive, l’égalisation est au bout. Le match a basculé. 21 secondes plus tard, en pleine confiance, Samuel Walser redonnera l’avantage à ses couleurs.
Ce coup d’œil et cette passe ont fait basculer la rencontre. Et, quelque part, l’histoire du club.