Jura: Le toilettage des chiens est au poil à Alle

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JuraLe toilettage des chiens est au poil à Alle

Capitaine de l’équipe suisse, Karine s’entraîne avec Allison dans son salon jurassien avant les championnats du monde.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Vidéo: lematin.ch/Sébastien Anex

Le sèche-cheveux qui décornerait un bœuf, doit-on l’appeler un sèche-poils dans un salon de toilettage? À Alle, près de Porrentruy, ceux qui amènent leur chien ou leur chat chez Karine entrent chez elle comme dans un salon de coiffure, sauf qu’à la place des chaises, il y a deux tables de toilettages.

Sur un présentoir, les parfums canins ont pour noms «Malabar», «Bodyguards» ou «Diablesse». Dans l’univers de Karine Cordella, tout tient dans ses ciseaux et ceux maniés par Allison Cabibbo, son employée élue l’an dernier meilleure toiletteuse suisse, six ans après avoir été meilleure apprentie de France.

Toutes deux font partie de l’équipe nationale sélectionnée pour les prochains Championnats du monde de toilettage par équipe qui disputeront à l’automne en Belgique, Karine comme capitaine, Allison comme compétitrice, avec trois autres toiletteuses suisses. Hormis les frais d’inscription, tout est à la charge des participantes, d’où la cagnotte ouverte au salon.

Les entraînements s’enchaînent, mais Karine et Allison ont peu de risque de perdre la main: les clients se succèdent dans leur salon. Karine a, comme elle dit, «toujours eu des chiens à la maison». Formée à Paris, elle manie un couteau à épiler avec «Honey Moon», un «westie» terrier.

Un couteau à épiler? «Le poil mort et dur est de toute façon appelé à partir», explique Karine. La cosmétique n’est jamais loin: «C’est un métier d’art», ose Karine, qui a ouvert son salon il y a quatre ans, en provenance de Belfort. Les tiques ne sont jamais loin non plus: «J’en ai ôté trois», dit Karine à une cliente.

À Alle, les toiletteuses travaillent à l’heure. Tous les chats et les chiens se valent, mais certains demandent plus de travail que d’autres, quand leur pelage est tout emmêlé. Karine et Allison ne cessent d’exercer leurs connaissances en morphologie.

Les toiletteuses font des coupes pantalons au ciseau, si possible une fois par semaine, pour éviter les nœuds. L’autre jour, elles ont «pulsé» un caniche bichon, mais en Suisse, le métier de toiletteur canin n’est pas reconnu par un diplôme. Le chic du chic, c’est un grand caniche royal, un chien de concours bichonné des heures durant. C’est un chien, comme elles disent «extravagant», issu de la cour de Louis XIV, avec ses coupes «lion macaron».

Les macarons laissés sur le flanc ont pour fonction de protéger les reins du froid. «Le vrai caniche servait à la chasse au canard, l’œuf taillé dans le pelage lui donnait du poids pour plonger dans l’eau», confie Karine, qui craint les toiletteurs italiens, mais aussi français.

Des colorations

Les Japonais ne sont jamais loin, mais dans un registre qui inclut des colorations, avec des coupes asiatiques. De l’«Aslan toilettage», disent les Jurassiennes.

À Alle, des extensions sont parfois posées. «On reste dans le domaine du vivant: un chien n’est pas une poupée!» précise Karine. Il y a le poil, qui provoque des allergies quand il n’est pas allégé: «On voit les eczémas», souffle Karine. Mais l’ongle aussi peut être problématique, quand il est incarné. Les oreilles aussi sont nettoyées, alors qu’«un coiffeur ne fait que la tête», selon l’expression de Karine.

«Nous ne sommes pas vétérinaires», précise Karine. «Un chien n’est jamais parfait, mais on peut cacher ses défauts», glisse Karine. L’automne prochain, les standards seront internationaux. Les Suissesses ne sont pas favorites, mais elles ont du chien!

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