Don du sangMêmes règles pour homos et hétéros: fin de processus à bout touchant
Les dernières étapes sont en train d’être franchies avant que toute la population soit sur un pied d’égalité en termes de critères pour donner son sang.
- par
- Yannick Weber
Proposition, débat, vote, consultation, préparation… tout ça, c’est fait. Il ne reste désormais plus qu’une validation finale avant que les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (HSH) aient accès au don du sang aux mêmes conditions que le reste de la population. Lundi, Transfusion CRS Suisse, l’institution chargée de l’approvisionnement en sang, a présenté ses propositions sur la mise en œuvre de la réforme auprès de Swissmedic, qui décidera de la validation finale.
Pour le scénario le plus souple
Transfusion CRS Suisse plaide pour une égalité totale et propose d’ouvrir le don du sang aux «donneurs HSH monogames» aux mêmes critères qu’au reste de la population. En clair, «les contre-indications actuelles de quatre mois en cas de nouveau partenaire sexuel et de douze mois si plus de deux partenaires au cours des quatre derniers mois seraient maintenues pour l’ensemble des donneurs, hétéros comme homosexuels», dit l’institution rattachée à la Croix-Rouge.
Un autre scénario plus restrictif est envisagé, où le délai de quatre mois d’attente serait appliqué aux hommes pour toute relation sexuelle avec un autre homme, même si c’est son partenaire stable. Mais Transfusion CRS Suisse plaide pour celui qui est le plus souple. «En plus de favoriser l’égalité, ce scénario pourrait accroître le nombre de donneurs», est-il écrit dans son analyse.
Le risque zéro n’existe pas
«Appliquer une contre-indication aux hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes revient de fait à exclure la majorité des homosexuels. Il est pourtant important que les personnes dont les dons présentent un risque faible de transmission de maladie puissent être autorisées, sur la base des données scientifiques, à contribuer aux collectes de sang», lit-on encore.
La baisse de la circulation du VIH dans la société et les moyens de tests plus sensibles et efficaces qu’auparavant rendent le risque de transmission «très faible». «Il persiste toujours un risque résiduel, qui peut être admis en considération d’un bénéfice avéré, le risque zéro n’existant pas pour les produits sanguins», lit-on encore.
Swissmedic aura le dernier mot. À la fin de la consultation fédérale, l’institut disait «partager l’avis que c’est bien un comportement à risque, et non une orientation sexuelle, qui constitue les critères d’exclusion».
Petit historique
Transfusion CRS Suisse rappelle que les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes ont été totalement exclus du don du sang en 1985, sept ans après l’apparition du VIH chez l’humain. En 2017, la réglementation avait été assouplie. Il faut, depuis, déclarer avoir été abstinent pendant les douze derniers mois pour être autorisé à donner son sang, alors que pour les hétéros ce n’est qu’en cas de nouveau partenaire sexuel qu’un délai de quatre mois s’applique. Le parlement a plaidé pour une levée de cette discrimination, observant les résultats obtenus par des pays voisins qui ont déjà pris ce chemin. Le dernier cas avéré de transmission du VIH par transfusion sanguine en Suisse date d’il y a un peu plus de vingt ans, en 2001.