Économie«Une approche globale» pour régler la dette des pays pauvres
Le président de la Banque mondiale a prévenu «que trop de pays sortiront de la crise du Covid-19 avec un important surendettement qui pourrait prendre des années à gérer»
Le président de la Banque mondiale, David Malpass, a alerté lundi, sur les risques de surendettement des pays pauvres au sortir de la pandémie, exhortant à «une approche globale» du problème de la dette, y compris sa réduction.
Pour faire face à la pandémie de Covid-19 qui se propageait à travers le monde, les gouvernements du monde entier ont injecté des aides massives dans leur économie, tandis que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international sont venus au chevet des pays les plus affectés par la crise, en leur fournissant des prêts d’urgence.
Il y a urgence à agir alors que l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 (DSSI), qui a permis aux économies les plus vulnérables de bénéficier d’une suspension de leur dette, expire à la fin du mois de décembre. «Le monde devrait réfléchir à ce qu’il faut faire après le 1er janvier», a souligné David Malpass, lors d’une conférence téléphonique, estimant que la poursuite du dispositif DSSI «est quelque chose qui devrait être envisagé». Car «le risque c’est maintenant que trop de pays sortiront de la crise du Covid-19 avec un important surendettement qui pourrait prendre des années à gérer», a-t-il prévenu.
Hausse à 20% ou plus
Les encours de la dette extérieure des pays éligibles au DSSI ont augmenté, en moyenne, de 12% pour atteindre 860 milliards de dollars, a détaillé la Banque mondiale dans un rapport publié à l’occasion des réunions d’automne qui ont démarré lundi. Pour certains d’entre eux, la hausse s’est élevée à 20% ou plus. Et, pour la plupart des pays, la hausse de l’endettement n’a pas été compensée par la croissance du revenu national brut et des exportations.
«Un changement à grande échelle dans l’approche de la transparence de la dette est nécessaire pour aider les pays à évaluer et gérer leurs risques de dette extérieure et travailler vers des niveaux et des conditions d’endettement viables», soulignent les économistes de la Banque.
David Malpass et la directrice générale du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva ne cessent de répéter qu’une plus grande transparence des données est incontournable pour régler le problème de la dette, notamment pour négocier avec les créanciers.
«Défi de taille»
Si l’on ajoute les pays à revenus intermédiaires, l’encours de la dette extérieure a augmenté en moyenne de 5,3% à 8700 milliards de dollars l’an passé, une hausse en rythme annuel comparable à celle enregistrée en 2018 et 2019. «Cependant, pour beaucoup de pays, l’augmentation a été à deux chiffres».
Or, avant même la pandémie, de nombreux pays à revenu faible et intermédiaire étaient dans une position vulnérable, avec un ralentissement de la croissance économique et une dette publique et extérieure à des niveaux élevés.
«Les économies du monde entier sont confrontées à un défi de taille posé par des niveaux d’endettement élevés et en augmentation rapide», a commenté Carmen Reinhart, économiste en chef de la Banque mondiale dans un communiqué. «Les décideurs politiques doivent se préparer à la possibilité d’un surendettement lorsque les conditions des marchés financiers deviennent moins favorables, en particulier dans les pays émergents et les économies en développement», a-t-elle également souligné.
M. Malpass rappelle que des niveaux de dette «soutenables» sont cruciaux pour la reprise économique et la réduction de la pauvreté. C’est «fondamental pour soutenir l’éducation et les infrastructures des systèmes de santé et créer des investissements pour la croissance et la prospérité».
Les traditionnelles réunions d’automne du Fonds monétaire international se tiennent cette semaine à Washington, en partie en mode virtuel en raison de la pandémie. Quelques délégations seront néanmoins accueillies en personne, une première depuis octobre 2019.