JO de TokyoRalph Stöckli: «On savait qu’on avait ces 13 médailles dans les jambes»
À l’heure du bilan, le chef de mission de Swiss Olympic a été particulièrement marqué par les deux breloques de bronze décrochées par la Suisse en natation.
- par
- Sylvain Bolt Tokyo
Ralph Stöckli, derrière cet excellent bilan de 13 médailles, de quoi êtes-vous particulièrement fier?
C’est une nouvelle génération d’athlètes qui a gagné ces médailles, puisqu’aucun des treize suisses n’avait décroché un métal olympique avant Tokyo. C’est très prometteur avant Paris 2024 où l’on risque d’en retrouver quelques-uns. La barre a été placée haut, mais je suis convaincu qu’on peut l’atteindre à nouveau aux prochains Jeux d’été. À nous de rester humbles malgré ce succès.
Vous étiez plutôt modeste, en annonçant un objectif «d’au moins sept médailles».
On savait qu’on avait ces 13 médailles dans les jambes. Mais encore fallait-il réussir ces performances le jour J.
Quel a été le facteur déterminant?
L’excellent travail de détection et de promotion des talents par les fédérations sportives dans notre pays. On appartient aux meilleures nations du monde à ce niveau-là. Mais il faut encore investir dans ce sens, on perd encore trop de pépites en Suisse. Et la collaboration entre le sport d’élite et celui de masse est primordiale pour bâtir l’avenir. Ce duo fonctionne bien dans notre pays.
Comment expliquez-vous que dix des treize médailles ont été obtenues par des femmes?
Il faudra l’analyser en détail. Mais je pense que c’est aussi lié à un changement sociétal de ces vingt dernières années, avec davantage de femmes qui font du sport. Elles ont également accès au sport d’élite à l’armée.
Quelles performances suisses vous ont impressionné à Tokyo?
Les deux médailles en natation m’ont stupéfié. Dans ce sport, la densité est énorme. Beaucoup de grandes nations investissent dans ces disciplines et c’est donc assez incroyable d’avoir obtenu deux fois le bronze. On savait que Jérémy Desplanches pouvait réaliser un exploit, alors que Noè Ponti nous a tous surpris. Mais il n’y a pas que les médailles qui fascinent, j’ai encore la chair de poule de la finale historique du 100 m féminin avec Mujinga Kambundji et Ajla del Ponte. Et il y a de nombreux records de Suisse qui sont tombés.
Y a-t-il eu des déceptions aussi, avec notamment deux athlètes suspendus pour dopage? (Kariem Hussein et Alex Wilson)
Cette double histoire de dopage m’a personnellement beaucoup affecté. Ces deux cas ont montré que le système fonctionnait. Mais ce sont deux affaires de trop, nous ne voulons pas d’athlètes dopés en Suisse et nous devons poursuivre notre investissement dans le travail de prévention.
Quels sont les autres chantiers pour l’avenir?
Il faut rester critique malgré le succès. La Suisse est un petit pays qui peut encore davantage travailler sur ses spécificités en mettant les forces aux bons endroits. La collaboration entre les fédérations peut encore être améliorée. On a aussi du potentiel au niveau des innovations dans le monde du sport. La Suisse est un pays innovant mais le sport n’en bénéficie pas encore assez selon moi.