BerneIl y a beaucoup trop de crimes parfaits en Suisse
Le conseiller aux États Daniel Jositsch estime qu’une cinquantaine de meurtres par an ne sont pas détectés. En cas de doute, les autopsies devraient être systématiques.


Un certain nombre de meurtres ne sont jamais identifiés comme tel en Suisse.
Getty Images«Mort suspecte», ce n’est pas titre d’un film, mais celui d’un postulat que vient de déposer le conseiller aux États Daniel Jositsch (PS/ZH) à Berne. Le juriste zurichois fait référence à un article qu’il a coécrit avec deux experts en médecine légale Christian Jackowiski et Roland Hausmann. Son titre: «Un nombre non déclaré d’homicides en Suisse. Fiction ou réalité?» Pour les auteurs, il s’agit bien d’une réalité. Le parlementaire demande donc au Conseil fédéral que la réglementation en vigueur en matière de mort suspecte soit adaptée «pour éliminer les points faibles identifiés».
Deux fois plus de meurtres
Selon cet article, le nombre de meurtres en Suisse pourrait être deux fois plus élevé que la cinquantaine que l’on constate habituellement par année. Pour parvenir à cette appréciation, les auteurs se fondent sur une étude parue en Allemagne concernant des cas de personnes qui semblaient décédées naturellement. Après avoir procédé à des enquêtes plus approfondies, ces morts naturelles cachaient en fait un crime.
Du poison à la noyade
Trois modes opératoires sont dans le viseur des spécialistes de médecine légale: la mort par empoisonnement, par étouffement et par noyade. Selon les procédures actuelles, les premiers examens effectués après le décès par un médecin légiste ne sont pas assez poussés pour détecter dans certains cas une origine criminelle. Ce qui fait que l’on pourrait donc compter une cinquantaine de crimes parfaits par an en Suisse et autant de criminels impunis qui sont dans la nature.
Dans la procédure actuelle, même si le médecin légiste fait part de doutes après un décès, la justice n’ordonne pas systématiquement une autopsie. Selon d’autres juristes interrogés par la «NZZ am Sonntag», qui évoque dimanche ce dossier: «il faudrait procéder à des examens plus poussés dès qu’il y a un doute». Mais pour cela, il faut une révision du Code de procédure pénale.