FranceRefus d’obtempérer: un policier tire et tue un automobiliste
À Angoulême, un agent a ouvert le feu sur un homme qui fonçait sur lui.
Un refus d’obtempérer a tourné au drame en Charente: un automobiliste de 19 ans a été tué par un policier qu’il avait blessé aux jambes mercredi près d’Angoulême, alimentant l’inquiétude des syndicats de police après une flambée de cas en 2022.
Après 13 décès enregistrés l’an dernier dans des circonstances similaires, un record, c’est le premier cas à survenir en France métropolitaine en 2023, selon une source policière.
Le 12 mai en Guadeloupe, un homme recherché par la police pour différents délits avait été tué lors de son interpellation, alors qu’il tentait de prendre la fuite au volant d’un véhicule, mettant en danger des fonctionnaires selon les autorités.
Mercredi, les faits se sont produits vers 4 h 30 du matin sur la commune de Saint-Yrieix-de-Charente, une banlieue résidentielle d’Angoulême, près de l’embranchement de la RN10. L’automobiliste a été tué lors d’un contrôle routier après qu’un policier a fait usage de son arme, a confirmé à l’AFP Stéphanie Aouine, procureure de la République à Angoulême.
Le policier a été légèrement blessé, a ajouté la magistrate. Il a été conduit à l’hôpital, selon le syndicat de police Alliance.
Voiture qui zigzaguait
D’après une source proche du dossier, les policiers sont intervenus pour contrôler une voiture qui zigzaguait sur la route et dont le conducteur a refusé de s’arrêter.
À un feu rouge, la police est parvenue à stopper le véhicule mais ce dernier a redémarré, braquant ses roues en direction d’un des policiers qui, heurté aux jambes, a tiré une fois.
L’automobiliste a été touché au flanc gauche et la voiture a fini sa course dans le mur d’une habitation. Conscient au moment de son interpellation, selon la même source, il est décédé quelques minutes plus tard malgré un massage cardiaque pratiqué par les policiers.
Mercredi matin, une grande bâche sombre était visible sur les lieux du drame et plusieurs agents de la police judiciaire s’affairaient, a constaté un photographe de l’AFP. La procureure a précisé qu’elle communiquerait «davantage dans la journée».
Ce décès en Charente intervient alors que les syndicats de police dénoncent une hausse des refus d’obtempérer lors des contrôles routiers.
Nombreux précédents
Mi-mai, un automobiliste a été grièvement blessé à la tête par le tir d’un policier municipal en Seine-Saint-Denis après s’être soustrait à un contrôle. Une semaine plus tard, un commandant de police était renversé et grièvement blessé lors d’un contrôle routier à Vienne (Isère). Le mois dernier, à La Rochelle (Charente-Maritime), un policier de la BAC a également été percuté par un véhicule, avec une ITT d’au moins 75 jours, selon le syndicat Alliance. L’automobiliste, qui avait pris la fuite, s’est rendu au commissariat six jours après.
«Nos collègues sont extrêmement choqués par cette intervention à l’issue dramatique» en Charente, a réagi Alliance dans un communiqué, fustigeant «la détermination d’un délinquant qui n’a pas hésité une seule seconde à percuter un policier à pied et ainsi de commettre une tentative d’homicide sur nos collègues».
«Alliance rappelle qu’en France, un refus d’obtempérer est commis toutes les 20 minutes. Les effectifs du commissariat d’Angoulême sont sous le choc», a ajouté le syndicat.
Hausse de 50% en dix ans
En 2021, environ 27 700 refus d’obtempérer avaient été enregistrés par les policiers et les gendarmes, soit une hausse de près de 50% en dix ans, selon les chiffres officiels.
Cinq policiers ont été mis en examen l’an dernier dans le cadre des 13 dossiers de tirs mortels. Les autres ont été libérés sans poursuite à ce stade.
Autorités et syndicats de police attribuent le record de décès survenus en 2022 dans le cadre de contrôles à des comportements au volant plus dangereux, mais des chercheurs incriminent une loi de 2017 modifiant l’usage de leur arme par les forces de l’ordre.