Hockey sur glaceDuel LHC – Davos: avantage pour les Lions… sur le papier
La série des quarts de finale des play-off de National League entre les Vaudois et les Grisons s’annonce serrée. Décryptage des forces en présence par Laurent Perroton.
- par
- Chris Geiger
Six points. C’est la mince différence entre le Lausanne HC (3e) et le HC Davos (6e) à l’issue des 52 journées de la saison régulière de National League. C’est dire aussi à quel point la série des quarts de finale des play-off, qui débute ce dimanche soir (20h) à la Vaudoise aréna, s’annonce indécise.
Car les deux équipes sont très proches l’une de l’autre tant sur la glace (succès 1-2 ap, 1-0 et 1-2 du LHC; victoire 5-6 tab du HCD) que sur le papier et en termes de statistiques. Expert pour la chaîne Léman Bleu, Laurent Perroton décrypte l’affrontement à venir. Point par point.
Gardiens
Lausanne HC: Connor Hughes (94,01% d’arrêts; 1,73 but encaissé/match), Kevin Pasche (92,46% d’arrêts; 2,04 buts encaissés/match).
HC Davos: Sandro Aeschlimann (92,98% d’arrêts; 2,06 buts encaissés/match), Gilles Senn (90,34% d’arrêts; 3,01 buts encaissés/match).
«Je donne l’avantage à Lausanne sur ce poste. Pourquoi? Parce que le LHC a la possibilité de jouer avec deux gardiens différents en cas de problème, de méforme ou de nécessité d’adaptation au style de jeu adverse.
En ce sens, la formation vaudoise possède, avec Hughes, un gardien très athlétique et très grand. Et elle a un portier, avec Pasche, qui a une lecture de jeu et une technique très élevées, très développées. Cette double possibilité, ainsi que la profondeur au poste, peuvent avoir leur importance.
Du côté grison, Aeschlimann arrive à son prime. Je le trouve vraiment très bon, et surtout encore plus régulier en comparaison aux dernières années. Avec les deux semaines de pause, je ne pense pas qu’il sera marqué par une fatigue physique ou mentale. Et c’est important, car Senn a réalisé une saison vraiment très moyenne.»
Verdict de Laurent Perroton: avantage Lausanne HC
Défense
Lausanne HC: 126 buts encaissés (troisième défense ex æquo de National League).
HC Davos: 126 buts encaissés (troisième défense ex æquo de National League).
«S’il y a bien un secteur de jeu où Lausanne est vraiment supérieur à Davos, c’est la défense. Geoff Ward a trouvé ses paires. Djoos et Pilut sont bien meilleurs par rapport à ce qu’il y avait les années précédentes à Malley, que ce soit dans le jeu défensif ou de transition. En plus des deux étrangers, le LHC peut compter sur trois arrières internationaux ainsi que sur Marti, qui a connu une grosse progression.
Si Davos veut avoir une chance dans cette série, il va devoir canaliser, par la pression, la première passe et le développement des attaques de Glauser et compagnie, qui sont de très bons relanceurs.
Personnellement, j’apprécie particulièrement la paire composée de Frick et Heldner. Ils font leur job, ils sont tranquilles et très solides. Je tiens d’ailleurs à souligner à quel point Frick est un joueur utile, fiable et constant. Il accepte aussi le défi physique et le système de jeu prôné par Ward le met en valeur.
Au HCD, il y a certes de bons joueurs comme Dominik Egli, qui sort d’une bonne saison, et Klas Dahlbeck, qui a le meilleur plus/minus du championnat, mais il n’y a pas le talent intrinsèque qu’il y a dans les rangs vaudois. Que ce soit en qualité ou en quantité.»
Verdict de Laurent Perroton: avantage Lausanne HC
Attaque
Lausanne HC: 158 buts marqués (cinquième attaque de National League).
HC Davos: 156 buts marqués (sixième attaque de National League).
«Je dois avouer une chose: je ne m’attendais pas au fait que Lausanne possède dans ses rangs autant de joueurs différents capables d’être décisifs chaque soir. La preuve: onze joueurs affichent une moyenne supérieure à 0,5 point/match.
Le LHC a surtout un atout caché: Michael Raffl. C’est une classe au-dessus, que ce soit au niveau du leadership, du charisme et de la sérénité. L’Autrichien fait partie de ces joueurs qui te font gagner, surtout dans une ligue où les joueurs d’impact se font rares. Sa présence a également bonifié ses compères Jäger et Bozon.
Cette troisième ligne est d’ailleurs la meilleure de National League, surtout avec Bozon qui exploite son grand potentiel comme on l’a longtemps espéré. Pour moi, elle pourrait être le facteur X de la série.
À Davos, ce sont plutôt des duos, accompagnés de joueurs de devoir. Les Grisons peuvent compter sur des meneurs de jeu très élégants, des artistes et des attaquants décisifs comme Nussbaumer. Il y a un peu tous les profils, mais je donnerais quand même un petit avantage à Lausanne sur la quantité et la qualité.»
Verdict de Laurent Perroton: avantage Lausanne HC
Entraîneurs
«Geoff Ward est un entraîneur très expérimenté, très pointu sur les détails. En ce sens, il a mis de nombreuses choses en place depuis son arrivée. Que ce soit au niveau tactique ou dans la compréhension des joueurs à disposition. Il est très bon à l’entraînement. Sur le coaching durant les matches, il adapte beaucoup ses choix à ceux de l’adversaire. Comme le LHC possède l’avantage de la glace, c’est une bonne chose. Mais attention à ne pas trop insister là-dessus car les joueurs ne pensent qu’à ça au bout d’un moment.
On ne connaît d’ailleurs pas forcément Geoff Ward en play-off, dans les moments de vérité. C’est là qu’on va pouvoir juger ses prises de décisions et son influence sur le jeu. Cela va être intéressant de voir un entraîneur très expérimenté contre un joueur très expérimenté devenu entraîneur.
Josh Holden a moins de pression car il ne dirige pas l’équipe favorite. Il n’a pas à gérer autant de joueurs expérimentés qu’à Lausanne, qui peuvent potentiellement se frustrer si leur temps de jeu venait à diminuer. N’oublions pas qu’Holden a aussi gagné le titre en tant que entraîneur-assistant de Dan Tangnes à Zoug, en jouant visiblement un vrai rôle.
C’est aussi le cas de Ward, que ce soit Outre-Atlantique et surtout en Allemagne, comme entraîneur principal. Du coup, c’est difficile de mettre une pièce sur l’un plutôt que sur l’autre. Je miserais quand même sur Ward, par rapport à ce qu’il a à disposition et à son expérience.»
Verdict de Laurent Perroton: avantage Lausanne HC
Situations spéciales
Lausanne HC: 15,53% d’efficacité en power-play (treizième de National League); 85,99% d’efficacité en box-play (premier de National League).
HC Davos: 22,14% d’efficacité en power-play (quatrième de National League); 81,25% d’efficacité en box-play (septième de National League).
«Davos possède des joueurs très performants dans ces situations de jeu, notamment les étrangers et Corvi, qui est magistral comme meneur de jeu en power-play. Les Grisons ont d’ailleurs l’avantage d’évoluer ensemble depuis de nombreuses années. Et comme on sait qu’un jeu de puissance se construit sur plusieurs saisons autout de joueurs majeurs, cette expérience sera un vrai atout pour le HCD.
Au LHC, c’est surtout la construction du power-play qui pose problème. Plus précisément sur les première ou deuxième tentatives d’entrée en zone défensive adverse, car les Vaudois ont dû mal à se réorganiser. C’est donc un axe de progression.
Par contre, le positionnement et les rôles de chacun ont enfin été trouvés. Lorsque le jeu de puissance est installé, il manque toutefois encore une ou deux solutions et plus de vitesse d’exécution dans la transition du puck pour déstabiliser le box-play adverse. Pour l’heure, c’est trop stéréotypé. C’est juste une question de confiance.
En revanche, Lausanne est très bon, très dominant, très homogène en infériorité numérique. Au point qu’il n’accorde que peu de tirs à l’adversaire. Le travail réalisé par les Davosiens sur les deux ou trois dernières saisons me fait quand même pencher pour eux.»
Verdict de Laurent Perroton: avantage HC Davos