RechercheDites vos mots doux plutôt dans l’oreille gauche de l’autre
Des scientifiques du CHUV et de l’EPFL ont constaté que le cerveau réagissait mieux aux sons positifs lorsque ceux-ci sont émis à sa gauche.
- par
- Michel Pralong
La provenance d’un son affecte la perception que nous en avons. Ainsi, les sons qui se dirigent vers nous sont perçus par la plupart des gens comme plus désagréables, puissants, excitants et intenses que les sons qui s’éloignent. Surtout si ces sons viennent de derrière plutôt que de devant. L’évolution pourrait expliquer cela: un son venant de l’arrière peut indiquer l’approche d’un prédateur.
Mais des scientifiques suisses viennent de découvrir que les côtés gauche ou droit ont également leur importance. Pour tester cela, Sandra da Costa, chercheuse à l’EPFL et ses collègues, ont recruté 13 volontaires, des femmes et des hommes d’une vingtaine d’années, tous droitiers n’ayant pas été formé à la musique. Ils ont comparé la réponse du cerveau face à six catégories de sons: des vocalisations humaines positives (des sons érotiques), des vocalisations neutres (des voyelles sans signification) et des négatives (un cri effrayé). Ainsi que trois non-vocalisations: positives (des applaudissements), neutres (du vent) et négatives (une bombe à retardement).
Réaction dans les deux hémisphères du cerveau
Les scanners cérébraux ont montré que les aires auditives primaires, dans les deux hémisphères du cerveau, atteignaient leur pic d’activité lors de l’écoute de vocalisations positives venant de la gauche, et beaucoup moins lors de l’écoute de vocalisations positives venant de l’avant ou de la droite, de vocalisations neutres ou négatives, ou de non-vocalisations.
Les aires auditives primaires sont les premières zones du cortex cérébral à recevoir des informations auditives. «Nos résultats suggèrent que la nature d’un son, sa valence émotionnelle et son origine spatiale y sont d’abord identifiées et traitées», a déclaré la coauteur de l’étude parue dans «Frontiers», Tiffany Grisendi.
En revanche, l’explication de ce phénomène n’est toujours pas claire. La professeure Stephanie Clarke, de la Clinique de neuropsychologie et de neuroréhabilitation du CHUV et première auteure de l’étude a déclaré à «Frontiers Science Communications»: «On ne sait actuellement pas quand la préférence du cortex auditif primaire pour les vocalisations humaines positives de la gauche apparaît au cours du développement humain, et s’il s’agit d’une situation unique. Une fois que nous comprenons cela, nous pouvons spéculer si cela est lié à la préférence de la main ou aux arrangements asymétriques des organes internes.»