AvortementLe Parlement français rallonge le délai de deux semaines
En France, les députés ont accepté, mercredi, de faire passer le délai pour une interruption volontaire de grossesse de douze à quatorze semaines. Malgré l’opposition d’une partie de la droite.
Une dernière réforme de société et un signal envoyé aux électeurs de gauche: le Parlement français a voté, mercredi, en faveur de l’allongement du délai de l’IVG (interruption volontaire de grossesse), en adoptant un texte concocté par une députée d’opposition mais soutenu par le parti du président Macron, La République en marche (LREM).
La proposition de loi prévoit de rallonger de douze à quatorze semaines le délai légal de l’IVG, pour répondre à un manque de praticiens et à la fermeture progressive de centres IVG. Elle a été définitivement adoptée via un ultime vote de l’Assemblée nationale, par 135 voix pour, 47 contre et neuf abstentions, au bout d’un long parcours parlementaire commencé en octobre 2020.
Deux mille Françaises avortent à l’étranger chaque année
C’est un texte «responsable», qui se «montre fidèle au combat pour l’émancipation des femmes», a salué le ministre de la Santé, Olivier Véran. Présenté par une ex-députée LREM, Albane Gaillot, devenue écologiste, le texte transpartisan a été poussé par le président des députés LREM, Christophe Castaner. «Le parcours atypique de cette proposition de loi est une leçon à tirer sur le fonctionnement de nos institutions. Elle montre qu’il faut faire fi des étiquettes politiques», a affirmé Albane Gaillot, qui ne se représentera pas lors des prochaines législatives.
Selon la députée socialiste Marie-Noëlle Battistel, 2000 femmes seraient contraintes, chaque année, de se rendre à l’étranger pour pouvoir avorter, car elles ont dépassé les délais légaux. La proposition de loi prévoit en outre d’étendre la pratique de l’IVG instrumentale aux sages-femmes. «Plus nombreuses que les médecins en France, elles peuvent déjà pratiquer les IVG par voie médicamenteuse depuis 2016», explique Albane Gaillot.
Initialement, le texte prévoyait de supprimer la «clause de conscience spécifique», permettant à des médecins de refuser de pratiquer un avortement. Mais cette évolution a été rayée, pour permettre à la proposition de loi d’avancer dans son parcours parlementaire.
«Un combat de bigots»
Cet allongement de la durée de l’IVG est l’un des petits cailloux semés en fin de quinquennat pour donner une orientation plus progressiste au bilan d’Emmanuel Macron. La proposition de loi hérisse les militants pro-vie de l’Alliance Vita et une partie de la droite au Sénat et à l’Assemblée nationale, qui s’est essayée à l’obstruction parlementaire. Une motion de rejet préalable, déposée ce mercredi, par la députée d’extrême droite Emmanuelle Ménard, a été repoussée. Mathilde Panot, cheffe de file des députés La France insoumise, a fustigé un combat de «bigots».
Sondage après sondage, les Français continuent à être très majoritairement en faveur de ce droit à l’IVG, remis en cause ailleurs en Europe, notamment à l’est. En France, aucun candidat n’a prévu d’y toucher.