FootballQui est Simone Pafundi, la prometteuse recrue du Lausanne-Sport?
Le LS a suscité la curiosité en bouclant la venue d’un milieu offensif de 17 ans, déjà international italien, précédé d’une flatteuse réputation. Présentation.
- par
- Brice Cheneval
Un phénomène de précocité
Né à Monfalcone, dans la région du Frioul-Vénétie Julienne, Simone Pafundi s’est éveillé au football dans le club de sa ville. Son talent a vite attiré l’attention de l’Udinese, dont il intègre le centre de formation en 2014, à l’âge de 8 ans. Chez les Bianconeri, le jeune gaucher a gravi les échelons jusqu’à signer son premier contrat professionnel le jour de son 16e anniversaire, le 14 mars 2022.
Performant avec la Primavera (9 buts et 15 passes décisives en 36 rencontres de 2021 à 2022), il se voit offrir sa première apparition en équipe première en mai 2022, lors d’un déplacement chez la Salernitana en championnat. À cette occasion, il devient le premier joueur né en 2006 à fouler une pelouse de Serie A. «C’est un talent incontestable, il a la capacité de devenir un joueur de haut niveau», encense à chaud son entraîneur, Gabriele Cioffi.
International italien à tout juste 16 ans
Considéré comme l’un des espoirs les plus prometteurs du football italien, Simone Pafundi passe par toutes les sélections de jeunes, avec brio (9 buts et 4 passes décisives en 18 matches des M16 aux M20). En novembre 2022, Roberto Mancini le convoque chez les A pour deux matches amicaux. L’expérience n’en restera pas qu’au stade de l’observation: le 16 novembre, face à l’Albanie, il entre en jeu dans les dernières secondes en remplacement de Marco Verratti et fête ainsi sa première cape, à exactement 16 ans, 8 mois et 2 jours. Il devient, à cet instant, le troisième plus jeune international italien de l’histoire. La Nazionale n’avait plus été représentée par un joueur aussi précoce depuis 111 ans.
Quelques mois plus tard, le phénomène récolte les louanges de Mancini. «Quand je fais une liste de joueurs à appeler, le premier nom qui me vient à l’esprit est celui de Pafundi, puis viennent tous les autres, a indiqué le sélectionneur lors d’une conférence de presse. Il n'a que 17 ans, mais il a des qualités incroyables et j’espère qu'il pourra bientôt jouer en Serie A avec continuité, afin de porter le maillot national pendant les deux prochaines décennies. Nous croyons beaucoup en lui.»
Sauveur de l’Italie au dernier Mondial M20
Simone Pafundi présente la particularité d’avoir goûté à l’équipe d’Italie A avant les M20. Le Frioulan n’a effectué qu’un court passage avec la sélection menée par Carmine Nunziata, mais celui-ci n’est pas passé inaperçu. Appelé pour la Coupe du monde espoirs, disputée en Argentine au printemps dernier, il a contribué à l’excellent parcours des Italiens, finalistes malheureux face à l’Uruguay (1-0).
Titulaire par intermittence, Pafundi n’en a pas moins fait étalage de ses qualités. Et a endossé le costume de héros en demi-finale, contre la Corée du Sud. Quatre minutes après son entrée en jeu (82e), il s’est fait l’auteur d’un sublime coup franc brossé qui a offert la qualification à son équipe. «C’est un talent extraordinaire, s’est émerveillé Carmine Nunziata. En termes de classe pure, c’est un régal. C’est typiquement le joueur qui peut décider d’un match en une seule action.»
Comparé à Lionel Messi et Diego Maradona
Un milieu offensif de petite taille (1,66 m), doté d’un pied gauche raffiné, qui brille par ses qualités de vitesse et de conduite de balle. Il n’en fallait pas plus pour comparer Simone Pafundi - récemment listé par le Guardian parmi les 60 meilleurs joueurs du monde nés en 2006 - à Lionel Messi et Diego Maradona. Rien que ça. Et ce n’est pas Andrea Carnevale, ancien coéquipier du «Pibe de Oro» période napolitaine devenu recruteur de l’Udinese, qui a calmé l’excitation générale. «Il a le pied de Diego, déclarait-il en novembre 2021. C’est un talent extraordinaire, surtout dans la tête. Quand il récupère le ballon, il sait déjà quoi faire».
Le rapprochement ne devrait pas déplaire à ses parents, originaires de Naples. Encore moins au père, Salvatore, qui l’emmenait régulièrement au stade San Paolo durant son enfance. Clin d'œil du destin: c’est en Argentine, à La Plata, dans une enceinte portant le nom de Maradona, que Pafundi a inscrit son coup franc décisif au Mondial M20. Lequel ne manque pas de rappeler ceux d’un certain Lionel Messi, qu’il considère comme son idole de jeunesse. «Cela signifie beaucoup pour moi de jouer en Argentine, avouait-il alors. Maradona et Messi sont tous deux nés ici, donc jouer ici est vraiment spécial.»
Il pourrait devenir le joueur le plus cher de Suisse
Très peu utilisé à l’Udinese, au grand dam des médias italiens, Pafundi cherchait une porte de sortie cet hiver. «Un cas vraiment étrange, et aussi trop italien», se lamentait Eurosport en décembre, développant: «À l’étranger, les clubs prennent des risques (ndlr: pour lancer les jeunes) tandis qu’à l'intérieur de nos frontières, nous avons tendance à attendre. Attendre quoi? Un bon moment indéfini.»
Apparu à seulement 11 reprises en équipe première depuis ses débuts, dont deux fois cette saison toutes compétitions confondues pour un total de 60 minutes, Simone Pafundi a atterri au Lausanne-Sport grâce aux réseaux de son propriétaire, Ineos, «pour jouer et continuer son développement», pointe le club dans un communiqué.
Ce transfert prend la forme d’un prêt d’un an avec option d’achat à hauteur - selon le très crédible journaliste Fabrizio Romano - de 14 millions de francs. Si le LS venait à la lever, il s’agirait de la plus grosse somme déboursée par un club suisse, loin devant les quelque 6 millions de francs lâchés par le FC Bâle au Borussia Dortmund pour faire revenir Alex Frei en 2009.
Pas sûr, cependant, que l’avenir de Pafundi s'inscrive dans la capitale olympique. Clubs plus huppés de la «galaxie» Ineos, Nice et - depuis peu - Manchester United ressemblent davantage à des destinations conformes à son standing. Si tant est qu’il le justifie.