FootballUn Fribourgeois de 1re Ligue au cœur d’un vrai-faux transfert au Kosovo
Steve Schmidhäusler a quitté le modeste club vaudois de La Sarraz-Eclépens fin janvier pour signer en première division kosovare. Quelques jours plus tard, il était de retour à la case départ.
- par
- Brice Cheneval
L’adage est vu et revu mais formulé par Steve Schmidhäusler, il prend tout son sens: «Dans le football, ça peut aller très vite. Et des deux côtés». En quelques jours, ce latéral fribourgeois de 23 ans est passé de La Sarraz-Eclépens, en 1re Ligue, à… La Sarraz-Eclépens en passant par le KF Liria, en première division kosovare. Une ascension fulgurante très vite suivie d’une dégringolade de la même ampleur. Rembobinons.
Fin janvier, Steve Schmidhäusler est un joueur de La Sarraz-Eclépens - club vaudois de 1re Ligue actuellement avant-dernier de son groupe à mi-saison - lorsque son agent lui dégote un essai au KF Liria, lanterne rouge du championnat du Kosovo. L’intéressé accepte et participe à un stage préparatoire en Albanie avec l’équipe première. Sur place, il fait bonne impression auprès de son nouvel entraîneur, Mirsad Jonuz. «On a pas mal discuté tous les deux, indique Steve Schmidhäusler. Il m’a fait savoir qu’il comptait beaucoup sur moi et que je pouvais vraiment apporter quelque chose.»
Il a effleuré le monde professionnel
Au retour du stage, le Fribourgeois signe un contrat professionnel avec le KF Liria. À ce stade, l’aventure kosovare se déroule sans accroc. «C’était pour moi le début d’un beau défi, qui me permettait de poursuivre ma progression» dit celui qui, jusqu’alors, n’avait que partiellement goûté au haut niveau.
Passé par la formation de Young Boys puis le FC Fribourg, Bulle et Köniz, Steve Schmidhäusler n’a jamais connu plus haut que la Promotion League, en Suisse. Et encore, le temps de 39 minutes éparpillées en quatre bouts de matches de troisième division. En 2021, il rejoint Fuenlabrada, pensionnaire de 2e division espagnole. Cantonné à la réserve, il s’engage un an plus tard au CS Fola, alors tout frais 3e du championnat du Luxembourg, aguiché par la perspective de disputer la Coupe d’Europe. L’expérience tournera au vinaigre: titularisé lors du 1er tour aller de la phase qualificative pour la Ligue Europa Conférence, il n’apparaîtra que deux autres fois par la suite. «J’ai contracté une blessure qui m’a handicapé tout au long de la première partie de saison, justifie-t-il. En parallèle, l’entraîneur avait fixé sa rotation. J’avais un train de retard.»
Coach viré, équilibre bouleversé
Libéré prématurément, le latéral accepte une main tendue de la Suisse. Et plus précisément de La Sarraz-Eclépens. «Je ne connaissais pas Steve avant qu’il nous rejoigne, c’est un ami qui me l’a conseillé, révèle Julien Marendaz, l’entraîneur du club vaudois. Il est venu s’entraîner avec nous et il nous a vite convaincus.» «La Sarraz-Eclépens m’a accueilli afin de me remettre en forme et me permettre de rebondir dans un second temps», résume le joueur.
L’opération reconquête était bien lancée avec cette arrivée réussie au Kosovo. Mais le - mauvais - sort s’en est mêlé. Acquis à la cause de Schmidhäusler, Mirsad Jonuz est évincé juste avant que le Fribourgeois ne paraphe son contrat. Son successeur, Ali Günes, ne veut pas entendre parler de la recrue. Douche froide. «Il n’y a eu aucune discussion entre nous, raconte le Suisse. Dans la foulée de sa nomination, le président est venu me voir pour me rapporter que le nouveau coach ne comptait pas sur moi. Je n’étais pas venu pour me retrouver au placard, alors le club et moi avons trouvé une solution: une résiliation de contrat à l’amiable.»
Apprenant la mésaventure de son ancien protégé, La Sarraz-Eclépens se présente à nouveau à son chevet: «J’entretiens une excellente relation avec les dirigeants et l’entraîneur. Ils ne m’ont pas mis de bâtons dans les roues quand j’ai souhaité aller au Kosovo et ils me tendent encore la main pour revenir. Je leur suis très reconnaissant.»
Revenir pour mieux repartir
Steve Schmidhäusler achèvera donc la saison dans le canton de Vaud. Avec, forcément, une pointe de frustration. «Mon passage au KF Liria s'est mal terminé mais j’en tire du positif, relativise-t-il. Cela m’a permis de constater que j’avais les capacités pour jouer à ce niveau-là.» «On l’a retrouvé déçu, c’est clair, complète Julien Marendaz. D’un autre côté, il retrouvait ses copains, une équipe dans laquelle il se sentait bien. Il a été parfaitement accueilli. C’est comme s’il revenait de blessure.»
Dans l’immédiat, La Sarraz-Eclépens compte sur Steve Schmidhäusler pour valider son maintien. Ensuite, la porte lui sera ouverte. «On ne doit pas être égoïste. Mon job, c’est de développer mes joueurs footballistiquement et humainement, assure Julien Marendaz. Je souhaite à Steve de s’installer en professionnel. C’est un latéral moderne, capable de se projeter rapidement vers l’avant et bien défendre.»
Alors de nouvelles sollicitations viendront. Et le FK Liria ne sera plus qu’un lointain souvenir.