AFFAIRE CREDIT SUISSE: Frustration et colère chez les employés de CS

Publié

AFFAIRE CREDIT SUISSEFrustration et colère chez les employés de CS

Deux semaines après l’annonce de la fusion UBS – CS, les détails restent inconnus. Une incertitude difficile à supporter pour les collaborateurs du CS qui commencent à démissionner.

Archives/Photo d’illustration.

Archives/Photo d’illustration.

AFP

Face à l’incertitude sur leur avenir, la frustration et la colère des employés de Credit Suisse sont sans limites, rapporte le SonntagsBlick du Jour: «L'ambiance est mauvaise et dégouline de sarcasmes», selon un employé du CS en ville de Zurich. Alors que la communication interne enjoint les employés en leur demandant de ne pas lâcher prise, «nous avons besoin de vous!», tous savent qu’ils seront nombreux à ne pas garder leur emploi. Et certains préfèrent partir de suite (lire encadré). 

Celles et ceux qui restent devront patienter encore à cause du changement à la tête de l'UBS. Sergio Ermotti prendra les rênes le 5 avril prochain. Mais avant de prendre de premières décisions, il devra se faire une idée d'ensemble, comme l’a indiqué une source connaissant les processus au sein de la banque.

Première rencontre UBS-CS Suisse

Néanmoins, comme le rapporte le SonntagsBlick, une première rencontre entre des délégations de la direction d'UBS Suisse et de CS Suisse, sous la direction de Sabine Keller-Busse d'UBS et André Helfenstein de CS, a eu lieu. Mais l’UBS continue à ne rien révéler de la manière dont les unités seront réunies. L’information serait délicate à rendre publique pour des raisons juridiques jusqu'à la conclusion formelle de la reprise, selon des sources internes. 

La marque CS vouée à disparaître

La seule information qui a filtré jusqu'à présent: la marque Credit Suisse devrait encore exister pendant trois ou quatre ans, puis disparaître. Certes, on examine aussi des scénarios qui prévoient une séparation ultérieure des activités suisses du Credit Suisse, mais selon les dires, l'UBS ne considère pas cette variante comme particulièrement intéressante, indique le journal dominical (lire encadré ci-dessous).

Peu de chances pour une activité indépendante de Credit Suisse

Avec la nomination de Sergio Ermotti, les chances que l'UBS continue à gérer le secteur national de Credit Suisse en tant que banque indépendante devraient plutôt s'amenuiser, selon le SonntagsBlick. Qui rapporte qu’un article du magazine Bilanz a indiqué que le Tessinois aurait déjà envisagé la reprise de sa rivale de longue date il y a sept ans, lorsqu'il était CEO d'UBS pour la première fois. 

Il a par ailleurs déclaré hier au journal italien Il Sole 24 Ore que la question d'une taille excessive ne se posait pas. Selon lui, ce n'est que dans l'octroi de crédits aux entreprises multinationales que les autres banques suisses n'atteignent pas la position de la «nouvelle» UBS. «Mais dans ce segment, nous aurons de la concurrence de la part de banques étrangères», a-t-il ajouté.

Comme l’écrit le SonntagsBlick, si cela ne ressemble pas à une scission, il s'avère néanmoins que le regroupement des opérations en Suisse «est incomparablement plus délicat que, par exemple, la réduction de la banque d'investissement déjà annoncée». Cela à cause de l’énorme pression politique et des milliers d'emplois en jeu. Et le journal zurichois de conclure: «La peur de déraper sur ce terrain glissant est sans doute la véritable raison pour laquelle la banque ne concrétise pas ses plans pour la Suisse.»

Démissions au CS face à l’incertitude

Vendredi dernier, dernier jour du mois, de nombreux employés de Credit Suisse ont donné leur démission. Une réaction à l’incertitude sur leur avenir chez les collaborateurs depuis l’annonce de la fusion. Selon un banquier du CS interviewé par le SonntagsBlick «ils acceptent aussi un salaire inférieur ou un poste moins élevé que celui qu'ils occupent actuellement au CS». Le service de presse du Credit Suisse n'a pas souhaité répondre aux questions du SonntagsBlick sur un éventuel exode. Mais selon le journal alémanique, «la concurrence annonce pratiquement toutes les semaines l'arrivée d'anciens collaborateurs du CS». Et selon le blog financier Inside Paradeplatz, la direction du CS offrirait des primes à ses principaux employés pour qu'ils restent.

Demande de gel des licenciements à l’UBS

A l’UBS aussi, l'incertitude est énorme quant aux conséquences de la reprise pour l’avenir des employés, a indiqué Natalia Ferrara, directrice de l'Association suisse des employés de banque (ASEB) au journal alémanique. C'est notamment pourquoi l’ASEB demande un gel des licenciements jusqu'à la fin de l'année, soit jusqu'à ce que l'on connaisse clairement l’avenir de la nouvelle mégabanque.

(ewe)

Ton opinion

3 commentaires