FranceUn antivax travaillant en Suisse écope de 10 mois de prison
Un infirmier de 44 ans a été condamné pour avoir menacé de mort des députés, leur promettant la guillotine.
Il a reconnu avoir eu «envie de faire peur»: un antivax de 44 ans a été condamné jeudi soir à Paris à dix mois d’emprisonnement, une peine aménagée sous bracelet électronique, pour avoir menacé de mort des dizaines de députés de la majorité début février.
Le 5 janvier, en plein débat à l’Assemblée sur le pass vaccinal, Xavier S. envoie un premier courriel, qu’il signe de son propre nom, à 77 députés. Dans cet écrit de 26 pages, il dit notamment avoir envie de «lancer une grenade» à chaque fois qu’il croise une voiture de police.
Le 2 février, il adresse un nouveau courriel, à 81 députés de la majorité. Intitulé «futur proche», il est accompagné de deux vidéos: l’une montre l’épisode de la «chemise arrachée» d’un dirigeant d’Air France par des salariés en 2015, l’autre une exécution par guillotine. «La première vidéo montre ce qui risque de vous arriver dans le meilleur des cas et la seconde dans le pire», écrit Xavier S. aux parlementaires en leur souhaitant une «bonne nuit». Il a envoyé le même message à Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, à Yves Lévy, ancien président de l’Inserm et mari de l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, ainsi qu’à l’éditorialiste Christophe Barbier.
À la lecture des faits qui lui sont reprochés, Xavier S., cheveux courts et barbe assez fournie, opine dans le box: «C’est ça». Il reconnaît sans difficultés avoir envoyé ces messages depuis la Suisse où il travaillait comme infirmier, mais pas les menaces de mort.
«Une petite gifle»
Xavier S., qui s’exprime dans un langage soutenu, préfère parler de «mise en garde». Évoquant le mouvement des «gilets jaunes», il ajoute: «On peut toujours rêver, mais si le peuple prend le Parlement, ça risque de leur arriver».
Cette vidéo de guillotine, qui symbolise pour lui «la Révolution française», il l’a envoyée car, dit-il, des parlementaires ont été «sifflés, hués» par des députés de la majorité à l’Assemblée. Ces derniers «méritent une petite tapette, une petite gifle», estime Xavier S.
- Mais là vous envoyez une vidéo de décapitation, c’est une mise à mort, souligne la présidente.
- Je n’ai tué personne, rétorque le prévenu.
- On ne serait pas là sinon, mais devant la Cour d’assises, tacle la magistrate.
«Leur faire peur»
Xavier S. rappelle qu’il a signé les messages de son nom. «J’avais juste envie de leur faire peur», soutient-il. «Ils ont reçu cette vidéo et une semaine après on ne parlait plus du tout du Covid. Je ne sais pas si c’est dû à moi ou à la baisse du variant», lance-t-il. La présidente lève les yeux au ciel.
- Yves Lévy n’est pas député, pourquoi lui avoir envoyé la vidéo, s’interroge son avocat?
- Il a tout fait pour plomber Didier Raoult, déclare Xavier S.
- Et Christophe Barbier?
- C’est quelqu’un que je méprise profondément, insiste le prévenu.
- Si on envoyait des vidéos de décapitation à tous les gens qu’on méprise…, soupire la présidente.
«Profil très spécial»
Jusqu’au délibéré, Xavier S. a du mal à se départir de son sourire. S’inquiétant du «profil très spécial» de cet ancien toxicomane et d’un «risque de départ en Suisse», le parquet requiert un an d’emprisonnement ferme avec maintien en détention.
La prison, «ce n’est pas cela qui va le réconcilier avec la République», plaide l’avocat de Xavier S. «Le tribunal n’a pas cette ambition. (…) Une chose est certaine: on ne peut pas choisir la peur pour véhiculer ses idées», souligne la présidente.
Xavier S. a également été condamné à payer 250 euros à chacun des 74 députés s’étant constitués parties civiles, ainsi qu’un euro symbolique à l’Assemblée nationale et à Yves Lévy. Il avait déjà été condamné en 2019 pour des menaces de mort.