Pétrolier abandonné au YémenAccord avec les rebelles pour tenter d’éviter une marée noire en mer Rouge
Les Houthis et l’ONU se sont entendus pour permettre l’évacuation de l’équivalent de plus d’un million de barils de fuel d’un tanker vieux de 45 ans.
L’ONU a annoncé mardi un «accord de principe» inespéré au Yémen pour transférer le pétrole d’un navire abandonné au large de Hodeida (ouest) vers un autre bateau, afin d’éviter une marée noire dont des experts craignent l’imminence.
Le FSO Safer, un bateau amarré en mer Rouge, se trouve dans le port stratégique de Hodeida sous contrôle des Houthis, des rebelles soutenus par l’Iran dans le conflit dévastateur qui les oppose aux forces progouvernementales, appuyées elles par l’Arabie saoudite.
Risque humanitaire et environnemental
Vieux d’environ 45 ans, le FSO Safer, utilisé depuis 1987 comme «réservoir de pétrole flottant», n’est plus entretenu depuis 2015.
Ancré sans maintenance au large du port de Hodeida, à une soixante de kilomètres des premières zones habitées, le pétrolier contient l’équivalent de plus d’un million de barils et pourrait à tout moment se briser, exploser ou prendre feu, selon des experts.
Une marée noire pourrait conduire à une fermeture de six mois du port vital de Hodeida, essentiel à l’acheminement de l’aide humanitaire dont dépendent 80% des habitants au Yémen.
Elle risque aussi d’exposer plus de 8,4 millions de personnes à des niveaux élevés de polluants, selon des études indépendantes.
Une fuite pourrait affecter des pays riverains, notamment Djibouti, l’Erythrée et l’Arabie saoudite, ainsi que le trafic maritime commercial en mer Rouge.
Atermoiements des Houthis
En août 2019, des experts de l’ONU sont arrivés à Djibouti pour mener une mission d’inspection du pétrolier Safer. L’ONU demandait depuis longtemps un accès au navire, mais elle butait face aux atermoiements des rebelles.
En octobre 2019, en dépit de récentes discussions avec les Houthis, l’ONU annoncé n’être toujours pas en capacité d’inspecter le pétrolier Safer.
L’année suivante, en novembre 2020, les rebelles donnent de nouveau leur accord écrit pour que l’ONU procède à une inspection et à de premières réparations. Une équipe devait se rendre sur place fin janvier ou début février 2021. L’accord n’a pas été appliqué.
En mai 2021, une voie d’eau décelée dans la salle des machines du navire avait été colmatée.
En juin de la même année, le Conseil de sécurité de l’ONU exhorte les Houthis à faciliter un «accès sûr et sans conditions» au navire.
Et l’ONG Greenpeace met en garde: «le FSO Safer est en train de rouiller et pourrait se briser ou exploser à tout moment».
Insistance de l’ONU
Les rebelles yéménites reprochent à l’ONU d’avoir refusé de prendre en charge les opérations de maintenance du navire dans le cadre de l’accord de 2020.
En juillet 2021, l’ONU annonce de nouveau que les Houthis ont donné leur accord de principe à une inspection. En octobre, faute d’application de ce nouvel accord, l’organisation insiste sur «la grave menace posée par le pétrolier».
Le Conseil de sécurité juge que les Houthis sont «responsables» de cette situation, en refusant un accès à l’ONU ne serait-ce que pour une maintenance minimale.
Début 2022, l’organisation internationale évoque des «discussions positives» avec les autorités gouvernementales yéménites et les rebelles pour trouver une solution d’urgence.
Le 15 février, l’ONU annonce, lors d’une réunion du Conseil de sécurité, un «accord de principe» avec toutes les parties pour transférer le pétrole se trouvant sur le FSO Safer vers un autre navire.