Hockey sur glaceFaut-il s’inquiéter des temps de jeu des joueurs de GE Servette?
Samedi soir, Henrik Tömmernes a patiné pendant plus de 55 minutes, un record en Suisse. Globalement, Lugano fait plus tourner son effectif dans cette série, dont l’acte IV a lieu ce mardi (20h) au Tessin.
- par
- Ruben Steiger
Si le temps du match le plus long de l’histoire du hockey suisse n’a pas été dépassé samedi soir aux Vernets, le record du temps de glace pour un joueur a lui été battu. Henrik Tömmernes, le patron de l’arrière-garde Grenat a patiné pendant 55’38, effaçant ainsi des tabelles Johan Fransson qui avait joué 48’35 sous le maillot des Aigles lors du marathon contre Berne en 2019.
Malade lors de l’acte II à Lugano, le numéro 7 du GSHC a donc vécu un retour au jeu plus long qu’attendu. «Pour moi, c’était une bonne chose de jouer autant, car ça m’a permis d’expulser le reste de la maladie qui était en moi, relevait-il après la rencontre. Le match était long mais finalement tu joues en pilote automatique et tu essayes juste d’être intelligent et de ne pas gâcher ton énergie.»
Six joueurs au-dessus des 40 minutes
Outre le temps de jeu à la limite du raisonnable de Tömmernes, trois autres Grenat ont passé le seuil des 40 minutes. Roger Karrer (45’04), Sami Vatanen (43’55) et Valtteri Filppula (42’22) ont tous les trois fait leur entrée dans le top 10 de temps de jeu en National League. Au même titre que les Luganais Lukas Klok (43’19) et Santeri Alatalo (40’50).
Au-delà des chiffres, logiquement élevés au vu du scénario de la rencontre, on constate que Luca Gianinazzi a mieux réparti les temps de glace au sein de son groupe. Alors même qu’il devait composer avec l’absence de trois attaquants étrangers (Arcobello, Connolly et Granlund).
«Je suis convaincu que tous mes joueurs ont une contribution à apporter à l’équipe, expliquait l’entraîneur Bianconero dimanche au petit matin. Ce que nous avons réalisé doit nous donner confiance quant à notre façon de faire. Je continuerai à impliquer tout le monde.»
Un discours surprenant
Cette meilleure répartition des minutes de glace est une constante depuis le début de ce quart de finale. Sept Grenat possèdent un temps de jeu moyen supérieur à 25 minutes alors qu’ils ne sont que quatre chez les Bianconeri. Une réalité qui tranche avec le discours de Jan Cadieux à l’issue de l’acte III.
«C’est une chose très importante de tourner à quatre lignes, affirmait-il. Plus la série avance et plus cela devient capital. Les quatre lignes sont bonnes des deux côtés et peuvent jouer. On doit essayer de garder les gars le plus frais possible.» Henrik Tömmernes ajoute: «cette victoire a prouvé que nous avions une belle profondeur et que de nombreux joueurs pouvaient contribuer à notre succès.»
Encore faut-il que chaque joueur reçoive sa chance. Dans les faits, cela n’a pas totalement été le cas samedi soir. La quatrième triplette a peu fait son apparition, hormis Marc-Antoine Pouliot. L’auteur du but décisif, qui a patiné en jeu de puissance et avec le troisième bloc, a cependant dû se contenter de seulement 18’46 sur la glace (sur les 114’06).
Un point que Jan Cadieux a tenu à relativiser lundi. «Quand on tire de l’arrière et qu’on perd 2-1 à 10 minutes de la fin, forcément, tu joues un peu ta vie. Donc tu as tendance à tourner un peu plus sur trois lignes - pareil à certains moments de la prolongation, pour essayer de faire la différence, nuance-t-il. Et si un Filppula a amassé beaucoup de temps de jeu, c’est aussi parce qu’il a évolué durant 7 ou 8 minutes sur notre power play.»
Un problème pour le futur?
Dès lors, Lugano détient-il un avantage sur son adversaire en ce qui concerne la fraîcheur des organismes? Interrogé sur ce sujet, Luca Gianinazzi a préféré botter en touche. «Je suis avant tout focalisé sur ce que nous faisons, sur la façon dont j’ai envie de voir évoluer mon équipe. Ce qu’ils font, eux, je ne peux pas le contrôler.»
Néanmoins, l’entraîneur des Tessinois ne pense pas que la dimension physique jouera un rôle pour l’acte IV. «Après un tel match, les jambes sont évidemment fatiguées. Mais il y a deux jours pour récupérer. Ce point ne me préoccupe pas.»
À l’heure actuelle, il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour le GSHC. D’autant plus si les Aigles venaient à conclure cette série rapidement. En revanche, si ce quart de finale tire en longueur et que les hommes de Jan Cadieux se qualifient dans la douleur, les conséquences physiques pourraient se répercuter sur la suite des play-off.
Une problématique dont l’entraîneur a bien conscience. «C’est une clé, l’un des aspects les plus importants, réaffirme-t-il. D’une part parce que cette série est déjà très compliquée en termes de récupération, avec les voyages qui pèsent sur les jambes; d’autre part, dans un coin de notre tête, et même si on ne veut pas brûler les étapes, on ne pense pas qu’à cette série mais à moyen-long terme dans ces play-off.»
Mais, avant de penser à plus loin, il faudra se débarrasser d’un coriace Lugano tout en préservant les forces des leaders.