Tech: Trop cher, cet iPhone 14! Mais il l’est moins en Suisse qu’ailleurs

Ce ne sera une surprise pour personne: les tarifs des nouveaux iPhones, 14^e du nom, disponibles en Suisse depuis la semaine passée, prennent une fois de plus l’ascenseur. Apple nous a habitués à une politique tarifaire exponentielle et n’a aucune raison de s’arrêter en si bon chemin.

En 12 ans, le prix médian d’un iPhone a ainsi augmenté de CHF 640.-, soit d’environ 70%. Et cette année, il faut débourser entre CHF 929.-, pour l’iPhone 14 d’entrée de gamme, d’une capacité de 128 Go, et CHF 1899.- pour l’iPhone14 Pro Max avec 1TB de stockage. Soit – toujours en prix médian – CHF 96.- de plus que l’an passé.

Le consommateur suisse adepte de la marque à la pomme peut pourtant s’estimer heureux: selon le site de comparateur de produits HelloSafe, c’est en effet chez nous que ce nouveau smartphone coûte le moins cher en Europe: 1049.- pour le modèle à 256 Go, contre 1090.- pour nos voisins allemands ou encore 1109.- en France. Et 1754.- en Turquie! Alors qu’aux Etats-Unis, l’appareil revient à 852.-. Un prix qui n’a pas bougé entre 2021 et 2022.

L’inflation s’explique en partie à cause du cours du dollar et des coûts de transport qui explosent, mais paraît d’autant plus difficile à avaler qu’avec cette nouvelle génération de téléphones, les innovations se comptent sur les doigts d’une main.

L’iPhone 14 (entre 929.- et 1289.-, selon la capacité de stockage) n’offre ainsi quasiment aucun changement côté design, se contente de reprendre la puce A15 dédiée aux iPhone 13 Pro de l’an passé et de quelques menues améliorations sur les capteurs photos. Tout au plus peut-on encore noter l’arrivée d’un logiciel de stabilisateur assez efficace destiné à la vidéo dans un nouveau mode «action», permettant de gommer les secousses de prises de vue en courant, par exemple. C’est peu pour justifier une telle hausse de prix.

Les vraies améliorations, c’est plutôt du côté des modèles Pro (entre 1179.- et 1779.-) et Pro Max (entre 1299.- et 1899.-) qu’il va falloir aller les chercher. Bonne nouvelle: cette année, il n’est pas nécessaire de faire l’acquisition du Pro Max (le modèle grande taille: 6,7’’, contre 6,1’’ pour le Pro) pour jouir de toutes les nouveautés puisque les deux modèles sont identiques en termes de fonctionnalités.

Alors tournons-nous directement vers l’innovation majeure de cette fournée 2022: la fonction «Dynamic Island»! Enfin, Apple apporte une solution au problème (ou plutôt le contourne astucieusement) de la fameuse encoche, cette verrue collée au bord supérieur de l’écran abritant différents capteurs. Car plutôt que de faire disparaître cette disgracieuse excroissance, la marque à la pomme s’est contenté de la réduire mais en lui assignant une toute nouvelle fonctionnalité: une sorte de centre de notification interactif et animé chargé de donner des informations sur toutes les applications tournant en fond d’écran (micro, écouteurs connectés, guidage GPS, musique, partage de connexion, minuteur, Face ID…). D’un clic prolongé, elle se transforme même en fenêtre pop-up pour dévoiler une série de commandes permettant de piloter les applications en cours. Une vraie réussite niveau design, avec des animations aussi fluides qu’efficaces. Et ce que l’on craignait n’être, au début de notre prise en main, qu’un sympathique gadget, se révèle en fin de compte très addictif et on est persuadé que dès que la plupart des applications l’auront intégré à leur mode de fonctionnement (c’est déjà le cas avec Spotify), on ne pourra plus s’en passer.

Autre nouveauté: le mode «Always on Display», que les utilisateurs de l’Apple Watch connaissent bien. Autrement dit, au lieu d’afficher un écran noir lors du verrouillage de l’appareil, l’iPhone 14 Pro se contente de baisser la luminosité pour laisser apercevoir notre fond d’écran et toutes les récentes notifications (ainsi que les widgets proposés par la nouvelle version d’IOS). Un bon moyen de garder un œil sur sa timeline sans devoir forcément ouvrir le téléphone. Pratique. D’autant plus que la fonctionnalité est plutôt bien gérée et se déconnecte automatiquement dans différents cas de figure: lorsqu’on retourne le smartphone face contre table, durant nos heures de sommeil, en le transportant dans la poche du pantalon et dans un sac à main ou encore lorsqu’on s’éloigne du téléphone si l’on porte une Apple Watch.

Et puisqu’on parle de l’écran, Apple fait une fois de plus un sans-faute avec cette dalle OLED Super Retina XDR, tant du point de vue du rendu des couleurs que de la fluidité avec son système Pro Motion, introduit l’an passé, permettant d’optimiser au mieux le taux de rafraîchissement de l’écran. Jusqu’à 120 Hz pour les applications les plus gourmandes mais en descendant dorénavant à 1Hz (contre 10 pour l’iPhone 13 Pro), de quoi gérer encore un peu mieux l’économie de la batterie. Citons aussi une luminosité maximale qui passe désormais à 2000 nits en extérieur (contre 1200 pour le précédent modèle), et 1600 en HDR. Un record absolu dans le monde du smartphone, qui dépasse même la capacité de la plupart des téléviseurs du marché. Nous qui avions rencontré quelques problèmes cet été pour surfer sur notre iPhone 13 Pro sur la plage, sous un soleil de plomb, on aurait bien aimé avoir déjà celui-ci sous la main.

Côté photo, la firme de Cupertino s’est enfin décidée à doter son appareil d’un nouveau capteur principal, qui passe de 12 à 48 MP. «Alléluia!», s’écriront certains… Oui, sauf qu’en réalité, peu de changement au programme dans la qualité des rendus (toujours aussi excellents, soulignons-le). D’abord, parce que par défaut, l’iPhone 14 Pro prend toujours ses clichés en 12 MP, Apple adoptant la technologie Pixel Binning permettant d’obtenir des clichés 12 MP plus précis à partir d’un capteur 48 MP. Selon le fabricant, le grain de l’image est ainsi mieux traité et la plage dynamique plus nuancée… A vrai dire, en plein jour, entre des clichés pris avec l’iPhone 13 Pro Max et l’iPhone 14 Pro, nous n’y avons vu que du feu. Ce n’est qu’en basse lumière que la différence se fait un peu mieux ressentir, grâce au capteur, annoncé comme 65% plus grand que celui du Pro Max de l’an passé.

En réalité, ce capteur dopé aux hormones séduira surtout les photographes semi-professionnels ou professionnels puisque tout son potentiel est surtout destiné à être exploité, d’une part avec le mode ProRaw, où l’on pourra choisir de véritablement prendre nos clichés en 48 MP, et d’autre part avec un logiciel de retouche car même en «shootant» en pleine résolution, la différence n’est pas notable sur l’écran du smartphone. Par contre, le capteur 48 MP est véritablement mis à contribution au niveau du zoom x2 puisqu’il permet d’exploiter les 12 MP sur une zone restreinte pour obtenir des photos plus détaillées.

Pour le reste, les deux autres capteurs (téléobjectif x3 et ultra grand-angle) n’apportent pas de franche innovation. On notera juste un nouveau flash à 9 LED permettant d’adapter l’intensité à chacun des capteurs. Mais là encore, nous n’avons pas observé une grande différence. Par contre, le gain est déjà plus important avec la caméra frontale, désormais capable de capter plus de lumière et maintenant équipée d’un autofocus. En basse lumière, les selfies sont nettement plus convaincants.

Côté vidéo, Apple se contente d’améliorer son mode Cinématique, introduit l’an passé, et qui permettait de jouer avec la profondeur de champ, en le rendant désormais compatible avec la prise de vue en 4K. Et la gamme Pro accueille aussi bien évidemment le nouveau stabilisateur évoqué plus haut.

Enfin, signalons l’excellente tenue de la batterie, qui permet quasiment une utilisation de l’appareil sur deux jours. Dommage qu’au niveau du temps de recharge, on reste très en deçà de ce que pratique la concurrence.

A noter que la gamme sera complétée début octobre avec un nouveau modèle, l’iPhone 14 Plus (en remplacement de l’iPhone Mini qui n’a pas convaincu les foules). Avant tout destiné aux utilisateurs qui souhaitent un grand écran mais sans se ruiner avec un iPhone Pro Max, il reprend les fonctionnalités de l’iPhone 14 mais avec une dalle de 6,7’’ (entre 1049.- et 1409.-).

En conclusion, en regard des maigres améliorations apportées, et surtout du prix ébouriffant de l’appareil, l’achat de ce nouvel opus n’a de sens que pour les possesseurs d’un modèle vieux d’au moins 2 ou 3 ans. En clair, on attend toujours le smartphone qui marquera une vraie évolution, comme l’avait été l’iPhone X, il y a 5 ans.