Quand Alain Berset est sur la même ligne que l’UDC

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CommentaireQuand Alain Berset est sur la même ligne que l’UDC

Le président de la Confédération est pour une fois en accord avec son adversaire habituel sur la question de la réexportation d’armes à l’Ukraine.

Eric Felley
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Eric Felley
Alain Berset lors de sa première visite de l’année à Vienne au mois de janvier.

Alain Berset lors de sa première visite de l’année à Vienne au mois de janvier.

AFP

C’est assez rare pour le signaler, le président socialiste Alain Berset tient un discours sur la neutralité que ne renieraient pas les têtes pensantes de l’UDC. Dans le débat sur la réexportation de matériel militaire helvétique en direction de l’Ukraine, le président de la Confédération tient à se présenter aujourd’hui comme le garant de l’histoire et de la tradition suisse de la neutralité.

Certes la Suisse à d’abord repris les sanctions occidentales contre la Russie, qui l’a rangée dans les «pays hostiles». Cependant aujourd’hui la vraie question est de savoir si la Suisse est prête à assumer que des armes helvétiques puissent être utilisées contre des Russes. En plus de son engagement pour le respect du droit international, pour les réfugiés ou dans l’humanitaire, la Suisse peut-elle être présente un tant soit peu sur le champ de bataille à travers ses munitions? Pour le président, il s’agit clairement d’une limite à ne pas franchir.

«Nos valeurs et nos traditions»

Dans son interview accordée au «Temps» vendredi dernier, ses propos veulent prendre de la hauteur: «Nous devons veiller à ne pas céder aux visions à court terme et rester concentrés sur les fondamentaux». Plus loin, il précise: «C’est dans les moments de fortes tensions que nous devons faire preuve d’une très grande rigueur face à nos valeurs et nos traditions, faute de quoi nous prenons le risque de décrédibiliser notre engagement sur le plan international». Ses propos rejoignent un tant soit peu le programme de l’UDC, qui dit: «La neutralité, inscrite dans notre Constitution, est l’un des piliers de la Confédération garantissant notre sécurité et notre paix depuis plus de 200 ans».

Par rapport à son parti, la position d’Alain Berset est plutôt personnelle. Le groupe socialiste est à l’origine d’une proposition au Conseil national pour permettre la réexportation d’armes vers l’Ukraine, certes à des conditions très strictes. La réponse du Parlement devrait tomber cette semaine. Mais, face à l’opposition ferme du Conseil fédéral et de son président, et le manque de cohésion des parlementaires sur le sujet, les probabilités sont faibles que des armes suisses finissent en Ukraine. Ce qui vaudra à la Suisse de nouvelles accusations à l’internationale de faire le jeu de l’agresseur. Mais cela, c’est du «court terme», pour reprendre l’expression présidentielle.

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