FootballCaroline Abbé: «L’équipe est prête à défier l’Italie»
Les Suissesses disputent vendredi en Sicile une rencontre capitale dans l’optique d’une qualification directe pour le Mondial 2023. L’ancienne capitaine de la Nati, devenue «Team Manager», fait le point.
- par
- Florian Paccaud Palerme
Vendredi à Palerme (17 h 30), la Nati joue un match très important contre l’Italie, qui pourrait lui ouvrir les portes pour la Coupe du monde 2023 en Australie et en Nouvelle-Zélande. La Genevoise Caroline Abbé, qui a pris sa retraite sportive après le titre de Servette Chênois la saison dernière, officie jusqu’à la fin de l’année en tant que «Team Manager» de la Nati. L’ancienne internationale aux 127 sélections évoque avec nous cette nouvelle fonction et le choc contre les Transalpines.
– Caroline Abbé, cet été vous avez été nommée «Team Manager» par intérim de l’équipe de Suisse. Quel est votre rôle?
– J’organise les camps d’entraînement, que ce soit en Suisse ou à l’étranger. Je gère également la logistique en ce qui concerne les hôtels, les terrains d’entraînement et toutes les accommodations qui accompagnent ce genre de rassemblement. J’essaie de tout faire pour que l’équipe se sente au mieux en équipe nationale.
– Comment se passe la relation avec les joueuses, qui étaient auparavant, pour la plupart, vos coéquipières?
– Je ne savais pas comment elles et moi allions réagir face à ma nouvelle casquette. Même si je ne suis pas vraiment leur supérieure, j’ai un autre rôle, je fais partie du staff. Et j’avoue que je le redoutais un peu. Mais finalement tout s’est très bien passé et je me plais dans cette nouvelle fonction. Les joueuses étaient contentes de me revoir. C’est aussi un avantage pour moi de les connaître et de savoir quels étaient leurs besoins. C’est un peu comme si je n’avais jamais quitté l’équipe nationale.
– Dans quel état d’esprit se trouve le groupe avant ce choc?
– Le groupe est très motivé. Ce n’est pas encore une rencontre décisive, mais elle reste très importante. On joue contre les favorites du groupe, chez elles, et je sens une grande envie de réaliser une grosse performance. Cela nous permettrait d’aborder les matches retour de ces éliminatoires avec sérénité. L’équipe est prête.
– L’Italie est favorite, mais est-ce qu’il y a vraiment une grande différence entre les deux sélections?
– Notre équipe s’est beaucoup développée ces dernières années. Mais l’Italie aussi. Elle a de meilleures infrastructures au niveau de ses championnats. D’ailleurs, toutes les joueuses évoluent au pays, ce qui peut représenter un avantage en termes d’automatismes. En ce qui concerne la Nati, beaucoup jouent à l’étranger, dans différents championnats européens. Je dirai que l’Italie est très légèrement favorite.
– Dans quel registre l’équipe de Suisse a-t-elle beaucoup progressé ces derniers temps?
– Au niveau de la stabilité défensive. On ne prend pas beaucoup de buts. Mais notre force, cela reste nos atouts offensifs. On a de très bonnes joueuses devant. On a peut-être du mal à concrétiser nos occasions, mais on s’en crée beaucoup, et c’est le plus important. Il suffit d’un petit déclic, et la machine est lancée.
– Et de votre côté, le terrain ne vous manque pas trop?
– Non, quand j’ai pris ma retraite sportive, c’était pour moi le moment d’arrêter. Mais je ne vais pas vous cacher que quand Servette a joué devant 12’000 personnes (ndlr: contre Chelsea au Stade de Genève en Ligue des championnes), ça m’a fait quelque chose. Ce match, j’aurais bien voulu le jouer, ne serait-ce que pour les spectateurs. Les deux dernières saisons que j’ai disputées ont été marquées par le Covid, donc on n’avait pas beaucoup de public. Cependant, non, je ne vais pas sortir de ma retraite sportive.
– Vous avez été professionnelle quand vous évoluiez en Allemagne (de 2011 à 2017) puis, quand vous êtes revenue en Suisse, vous avez dû recommencer à travailler en parallèle. Comment vit-on cette situation?
– Pour moi, c’est une question d’habitude. J’ai toujours joué au foot et travaillé à côté. Toutes celles qui font ça connaissent cette réalité depuis qu’elles ont fini l’école. On est prêtes à ça. Mais c’est sûr que j’ai senti la différence quand j’étais en Bundesliga, sans avoir besoin de bosser. À mon retour, il m’a fallu quelques mois pour me remettre dans le rythme. Mais on s’y fait. En espérant que les choses changent.
– Cela en prend-il le chemin?
– En Suisse, on met de plus en plus de moyens pour développer le foot féminin, pour qu’à long terme les footballeuses puissent vivre uniquement de ça. Ça progresse pas à pas. Depuis mon retour au pays, j’ai déjà vu une certaine évolution, plus de matches sont diffusés et plus de sponsors investissent. Mais le changement ne se fera pas du jour au lendemain.