Hockey sur glaceLa finale va être tendue jusqu’au bout
Des anciens joueurs se mouillent avant le 3e acte d’une très belle finale de play-off qui partagent les Romands. Le combat se poursuit ce soir aux Vernets.
- par
- Christian Maillard
Dans le coin grenat, Genève Servette, dans l’autre le HC Bienne, deux valeureux combattants. Après deux matches, c’est un à un dans la série, chacun a eu son bon moment, l’allonge qu’il fallait pour réussir un bon coup ou l’esquive pour obtenir un bon point. Mais toujours pas de K.-O. Le combat continue entre les deux meilleures formations du pays de la saison.
Soigneurs dehors, troisième round ce mardi soir (20 h) aux Vernets. Avant qu’on ne poursuive les débats sur la glace, place à l’analyse en compagnie d’anciens joueurs, qui ont tous du plaisir à suivre cette belle finale.
Guillaume Maillard: «Genève est à mon avis plus dominant»
Guillaume Maillard (Lausanne HC, ex-GE/Servette et Bienne): «Cette affiche en finale, c’est assez spécial pour moi. Sur la glace, il y a des joueurs que je connais bien, comme le jeu des deux côtés avec mon ancien club et une formation dans laquelle j’ai joué une vingtaine de matches cette saison. Du coup c’est un immense plaisir de les voir à l’œuvre surtout que le niveau est vraiment incroyable. Si je dois donner un pronostic, je dirais quand même Genève qui est à mon avis plus dominant. J’ai le sentiment que Bienne a tout donné dimanche pour égaliser mais c’est surtout les Servettiens qui ont commis des erreurs que tu ne dois pas faire à ce niveau. S’ils ne font pas ce genre de bêtise, ils vont gagner le match. Quand les Genevois marquent, Bienne donne l’impression d’être dépassé par la vitesse d’un adversaire supérieur qui possède en outre plus d’expérience dans ses rangs. Si Maurer ne se fait pas déborder comme dimanche, que les Aigles évitent les pénalités stupides, Bienne n’aura aucune chance.
Maintenant, il y a aussi de bons joueurs du côté biennois et je ne serais pas surpris que cette finale se joue entre six et sept matches. Il y a des petites choses à améliorer dans les deux équipes mais j’ai vraiment le sentiment que Genève-Servette est davantage prêt que Bienne pour aller chercher ce titre. Après, on ne sait jamais, les Seelandais vont peut-être remporter les trois prochains matches…»
Olivier Anken: «Pour moi, c’est du 50/50!»
Olivier Anken (ex-gardien, champion avec le Bienne en 1983): «Je vis cette finale plutôt tranquillement. Enfin, je ne peux pas faire beaucoup plus que de regarder les matches, m’énerver et rentrer à la maison. Alors que je revenais d’un voyage à l’étranger, j’ai eu la chance dimanche de voir juste le dernier tiers du match No 2 et ce but marqué à sept secondes de la fin! Je suis arrivé au bon moment. Ces Biennois nous ont habitués à ce genre d’épilogue où on se prépare à une prolongation, où on se dit que ça va être dur avant qu’ils nous fassent, on va dire, une Biennoise!
Maintenant, chaque équipe a réussi le principal en gagnant une fois à la maison et cela reste relativement ouvert pour la suite de la série. Pour Bienne, ce serait bien d’en gagner au moins un à l’extérieur pour avoir une chance d’être champion. Ça commence par ce soir et ensuite il s’agira d’oublier au plus vite le résultat pour passer rapidement au suivant. Pour moi, c’est du 50/50!
Comme ancien gardien, j’ai forcément un œil attentif sur les deux portiers qui réalisent en ce moment de gros numéros. Tous les deux jouent drôlement bien pour le plus grand bonheur de leur formation qui peuvent aussi s’appuyer sur une bonne défense. Une chose est certaine: il n’y aura pas de 4-0 ou de 5-0 mais chaque fois un petit score. Je ne fais jamais de pronostic car je suis toujours à côté mais une petite victoire de Bienne me ferait vraiment plaisir. Que le meilleur gagne de toute façon entre ce sera une équipe romande. Chacun a un lac mais j’espère quand même que ce sera le nôtre à l’honneur.»
Alain Reist: «Je mettrais un petit plus sur les Biennois»
Alain Reist (ex-Bienne, LHC, Zurich, Fribourg, Kloten, Rapperswil): «J’ai vu un peu d’images lors des demi-finales avec Berne et des extraits de cette finale et je dois dire que c’est assez équilibré. Comme d’habitude, cela va se jouer forcément sur des petits détails. À Bienne j’ai été impressionné par le gardien et à Genève par les étrangers assez incroyables. L’un dans l’autre, ça part du portier avec à Genève un Robert Mayer parti du bas de l’échelle pour devenir petit à petit une valeur sûre. Je trouve que Bienne est l’équipe qui présente un jeu de meilleure qualité avec un groupe méritant dont la majorité des joueurs n’a pas hésité à baisser leur prétention salariale pour rejoindre le Seeland. Même si cela reste du 50/50 et que c’est du beau spectacle des deux côtés, je mettrais un petit plus sur les Biennois. À l’image de ce but marqué à sept secondes de la fin, dimanche, ça va être chaud jusqu’au bout. Je pense que cela se jouera au sixième match avec un succès de Bienne au cinquième pour finir ensuite devant son public.
Cette équipe de Bienne me rappelle le Lausanne HC quand on était monté en LNA en 2013, notamment au niveau de l’engouement avec des qui vont voir les matches dans une salle de cinéma quand c’est à l’extérieur. Il y a aussi une belle histoire avec leur coach Antti Törmänen.»
Daniel Manzato: «On est parti pour une longue série»
Daniel Manzato (gardien du CP Berne, ex-Genève): «Quelle finale intéressante que je suis attentivement avec grand plaisir. Honnêtement, quand Genève a égalisé dimanche à 2 à 2, j’étais convaincu que c’était bon; que les Genevois allaient passer l’épaule soit fin de match ou en prolongation. Et puis, alors qu’ils auraient pu prendre les devants dans cette série, tout est à refaire. J’ai l’impression qu’on est parti pour une longue série entre les deux meilleures équipes de la saison régulière. C’est donc logique que ces deux équipes se retrouvent à ce stade pour se jouer le titre.
J’ai évidemment un regard particulier pour les deux gardiens sur la glace avec un Sateri égal à ce qu’il a été pendant toute la saison et Genève qui a le luxe de pouvoir compter sur deux excellents portiers. En ce moment Robert Mayer est vraiment chaud et vraiment impeccable en ce début de finale mais s’il devait lui arriver quoi que ce soit c’est une tranquillité de savoir qu’il y a un deuxième gardien tout aussi performant derrière.
Quel que soit le résultat ce mardi aux Vernets, rien ne sera encore décisif, c’est encore trop tôt dans la série, il faut en gagner quatre! Pour avoir joué contre Bienne en quarts de finale avec Berne, c’est une équipe solide et flamboyante à la maison qui commence toujours très fort sur les chapeaux de roues mais moins efficace lorsqu’elle joue ailleurs que sur sa patinoire. C’est pour cela qu’il est important pour Genève d’essayer de garder son avantage de la glace. J’ai encore des contacts à Genève avec notamment le coach des gardiens que j’ai beaucoup apprécié…»
Olivier Keller: «L’avantage de la glace est minime»
Olivier Keller (ex-joueur de Ge/Servette et de Lausanne HC): «Entre deux belles équipes qui développent un jeu vraiment rapide, physique et intense, je vois cette finale tirer en longueur. Il y a vraiment de très bons joueurs des deux côtés et de très bons gardiens. C’est un plaisir d’assister à une finale de cette qualité entre deux équipes romandes, c’est à souligner. C’est deux fois plus intéressant que lorsqu’il y a deux formations alémaniques.
Pour moi, l’avantage de la glace est minime dans cette finale car si tu as ton public derrière toi et que tu es à la maison tu n’as pas le droit de te louper et là ça te met une plus grosse pression. Je pense que les détails comme lors du dernier match à Bienne sont plus importants. Il ne faut surtout pas se prendre des pénalités aussi stupides et se retrouver bêtement à 5 contre 3. Quand Tanner Richard pique la canne d’un Biennois sur un box-play, ça peut vraiment tourner la série. Il est primordial pour les joueurs de contrôler leurs émotions. Il est important de ne pas péter un câble comme l’a fait Richard dimanche et vraiment éviter ces pénalités aussi bêtes qui peuvent vraiment te faire très mal à la fin. Aux Genevois aussi d’être prêts au combat d’entrée de jeu et de recevoir une grosse pression, ce qui n’était pas le cas non plus lors du deuxième match lors des quatre premières minutes.
J’ai l’impression que Bienne a l’air à l’air plus serein avec ses émotions, qu’il les maîtrise mieux que Genève, avec, en plus, un entraîneur, Antti Törmanen qui donne une force supplémentaire à ses joueurs qui veulent tous décrocher le titre pour lui. C’est super touchant de le voir derrière son et j’espère que cela va se finir de la plus belle des manières pour lui qui livre un combat personnel tellement fort. Dans un coin de ma tête, je ne cache pas non plus que j’espère voir les Genevois soulever enfin cette coupe. Comme je l’ai dit, c’est un énorme plaisir de voir cette finale!»