AustralieUn policier est jugé pour le meurtre d’un jeune Aborigène
Lors d’une interpellation dans une région reculée du centre de l’Australie, un policier avait abattu à indigène âgé de 19 ans. Son procès vient de s’ouvrir, le procureur parlant de tirs «illégaux».
En Australie, le procès très médiatisé d’un policier australien accusé du meurtre d’un Aborigène de 19 ans s’est ouvert lundi, le Parquet affirmant que l’adolescent a été tué à «bout portant». Zachary R., 30 ans, est accusé du meurtre de Kumanjayi W., abattu de trois balles lors de son arrestation, en 2019, une affaire qui avait entraîné une vague de manifestations dans tout le pays.
Alors qu’il a plaidé non coupable, l’accusé pourrait devenir le premier policier condamné pour le meurtre d’une personne aborigène en détention.
L’audience a débuté par la sélection des jurés, puis le Parquet a fait une présentation préliminaire. Le procès se tient à Darwin, à environ 1500 kilomètres au nord de la ville reculée de l’Outback où a été tué Kumanjayi W., le 9 novembre 2019. Le policier était venu d’Alice Springs avec des collègues pour arrêter le jeune homme, qui vivait dans la communauté aborigène reculée de Yuendumu, pour violation présumée de caution.
Une lutte avant trois coups de feu
Selon les documents judiciaires, Zachary R. et un autre policier sont entrés dans une maison pour l’arrêter et lui ont dit de mettre ses mains derrière le dos. Au lieu de cela, le jeune homme aurait blessé l’agent à l’épaule avec une paire de ciseaux et une lutte se serait engagée, au cours de laquelle le policier aurait fait feu à trois reprises.
Le jeune Aborigène est décédé cette nuit-là au poste de police de Yuendumu et, quatre jours plus tard, l’officier a été accusé de meurtre.
Le jeune homme «était déjà maîtrisé»
Lundi, à l’ouverture du procès, le procureur Philip Strickland a déclaré au jury qu’il entendait prouver que le deuxième et le troisième tirs – tirés à 0,5 seconde d’intervalle à «bout portant» – ont tué Kumanjayi W. et qu’ils étaient illégaux. Il a affirmé que ces deux tirs n’étaient pas justifiés, parce que le jeune homme était déjà «maîtrisé» par le collègue de Zachary R.
Le procès, qui devrait durer quatre semaines, se tient alors qu’un nombre croissant de voix s’élèvent pour alerter sur le nombre élevé d’Australiens autochtones morts en garde à vue. Plus de 500 personnes aborigènes et insulaires du détroit de Torres – qui sépare de l’Australie de la Papouasie - Nouvelle-Guinée, au nord – sont morts en garde à vue depuis 1991, date à laquelle des registres détaillés ont été établis, dont onze au cours des sept derniers mois. Malgré plusieurs enquêtes publiques et procès portant sur des affaires similaires, aucun policier australien n’a jamais été condamné pour le meurtre d’un autochtone en détention.