Cyclisme: Geraint Thomas, la classe à l'état pur

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CyclismeGeraint Thomas, la classe à l'état pur

Le Gallois de 37 ans a laissé filer le Tour d'Italie, ce week-end. Il l’a pourtant fait avec classe. Entre déclarations bien senties et coup de main à un ami, il a été un perdant magnifique.

Robin Carrel
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Robin Carrel
Le Gallois et son fils, avant de monter sur le podium de l’épreuve.

Le Gallois et son fils, avant de monter sur le podium de l’épreuve.

IMAGO/NurPhoto

Il y a ceux qui se frustrent et envoient tout balader. Ceux qui se renferment et claquent la porte sans mot dire. Ceux qui boudent et renvoient la faute sur les autres. Et puis il y a ceux qui ont la grande classe, qui assument leurs échecs et en profitent même pour faire triompher les autres alors qu'eux-mêmes n'avaient plus rien à gagner. Le sport est fait de différents caractères et heureusement. Mais heureusement aussi qu'il y a quelques athlètes qui font partie de cette dernière catégorie et Geraint Thomas en est un.

Ce week-end, au terme d'un 106e Giro qui aura surtout valu pour son contre-la-montre terminal, sur des pentes folles près de la frontière slovène, Primoz Roglic a raflé la mise à la fin d'un scénario dingue. Il a dépassé le coureur de l'équipe Ineos, alors porteur du maillot rose, malgré un saut de chaîne dans la terrible montée finale. Le Gallois, lui, a craqué. Mais craqué physiquement sur le vélo, seulement. Car sa tête, elle, est bien restée campée sur ses épaules.

«J'avais de bonnes jambes jusqu'à la moitié de la montée, mais j'ai ensuite senti qu'elles étaient en train de me lâcher, a analysé le coureur juste après le chrono décisif. C'est mieux de perdre avec un tel écart, ça aurait été pire si ça avait été pour une ou deux secondes. Là, au moins, Roglic m'a détruit. Et pour être honnête, il le mérite totalement. Même en ayant subi un ennui mécanique, il me met 40 secondes! Chapeau à lui. Si vous m'aviez dit que je serais là en février ou en mars, je ne vous aurais pas cru. Je peux être très fier de moi, ainsi que de mes coéquipiers. Il ont travaillé si dur pendant trois semaines!»

Le dimanche, à Rome, pour la procession de fin de Giro, le Gallois n'a pas pu passer à l'attaque, afin d'essayer de récupérer les quatorze secondes qui le séparaient de Roglic. La défaite était ainsi entérinée. N'importe quel autre cycliste serait aller ruminer son échec en queue de peloton. «G», lui, n'est pas fait de ce bois. Le vainqueur du Tour de France 2018 a vu derrière lui, à deux bornes de l'arrivée, son pote et ancien coéquipier Mark Cavendish (38 ans), qui n'avait plus qu'un coéquipier pour lui emmener le sprint – finalement victorieux. Alors il a décidé de lui ouvrir la route jusqu'à la flamme rouge.

Quand le maillot rose craque…

Quand le maillot rose craque…

AFP

«J'étais à l'avant du peloton et j'ai vu qu'il n'y avait que Luis Leon Sanchez avec lui. Je me suis alors dit qu'il fallait que j'aide mon ami», a simplement raconté Thomas. Un geste rare, qui lui a valu des tonnes de remerciements de la part du «Missile de l'Ile de Man» («J’ai vraiment des amis au top. Des amis de longue date. C’est émouvant», a-t-il notamment raconté). Le Britannique a même fini par être presque gêné par autant de gratitude! «Pas de problème, t’inquiète!», a lancé pour terminer le fantastique Gallois.

Ça peut paraître du fair-play basique, écrit comme ça. Mais dans un sport ultra professionnel où la défaite semble être une insulte pour certains, dans un cyclisme où les jeunes aux dents longues – quatre des cinq premiers de ce Giro ont plus de trente ans… – semblaient devoir tout écraser, trouver de la classe, de l'humilité et des mots justes dans la défaite font un bien fou.

Même perdant, «G» est sorti grandi de cette épreuve pas comme les autres.

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