Faux «home jacking» en France – Le jardinier star condamné à 18 ans de prison

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Faux «home jacking» en FranceLe jardinier star condamné à 18 ans de prison

Le propriétaire du «jardin préféré des Français» a été condamné à 18 ans de réclusion pour avoir commandité le cambriolage de son propre foyer sur fond de divorce tumultueux et tué un des malfaiteurs.

Vue du jardin de Françoise et Daniel Malgouyres construit sur les carrières Saint-Adrien de Servian, près de Béziers (image d’archives).

Vue du jardin de Françoise et Daniel Malgouyres construit sur les carrières Saint-Adrien de Servian, près de Béziers (image d’archives).

AFP

Après trois semaines d’audiences parfois tendues à l’issue incertaine et suite à un délibéré de 11 heures, la cour d’assises de l’Hérault a tranché vendredi: cet homme volubile de 72 ans est bien l’instigateur du faux cambriolage qui s’est déroulé dans la soirée du 5 octobre 2017 dans les «Jardins de Saint-Adrien», le petit coin de paradis qu’il avait bâti à Servian, près de Béziers (Hérault) avec son épouse belge, Françoise.

Un «home jacking» pour effrayer sa femme

Le domaine, couronné «jardin préféré des Français» en 2013 par Stéphane Bern sur France 2, attirait de nombreux visiteurs, mais le couple Malgouyres était au bord de l’implosion. La tension était encore montée d’un cran depuis que Françoise Malgouyres avait découvert l’existence d’une relation extra-conjugale de Daniel. Pour les enquêteurs et pour l’avocat général lors du procès, Daniel Malgouyres avait alors décidé de monter un faux «home jacking» afin d’effrayer Françoise, pour qu’elle quitte le domicile familial.

Le soir du 5 octobre 2017, alors que le couple finit son dîner, deux hommes cagoulés pénètrent dans la vaste propriété, provoquant les aboiements de leur chien. Daniel Malgouyres sort en premier, suivi peu après par Françoise. Elle se retrouve face à l’un des cambrioleurs qui l’emmène manu militari jusqu’à Daniel qu’elle découvre couché dans l’herbe, le visage maculé de sang, maîtrisé par un second malfrat.

Elle ne cède pas, il regarde ses pieds

Ramenée dans la maison, Françoise Malgouyres refuse obstinément de livrer son coffre-fort, malgré les coups et les menaces. Pendant ce temps, son mari, dira-t-elle, «regarde ses pieds» et lui demande de révéler où se trouve le coffre, ce qui éveillera plus tard ses soupçons. Au procès, elle dira avoir «un gros doute sur l’homme qu’il est».

Daniel Malgouyres parvient alors à attirer l’un des cambrioleurs, David Viers, 43 ans, jusqu’à sa chambre, au premier étage, où il l’abat d’un coup de fusil à bout portant. «Légitime défense», clamera-t-il alors qu’une pétition de soutien rassemble plus de 160’000 signatures.

Mais après quelques semaines, la cagoule abandonnée dans sa fuite par le second cambrioleur, Richard Bruno, est retrouvée. Confondu par son ADN, ce joueur de poker est interpellé. Il dénonce Richard Llop, un éleveur de chevaux ami du couple Malgouyres, qui lui-même affirme aux enquêteurs que Daniel Malgouyres est à l’origine de cette combine. Arrêté, ce dernier est placé en détention provisoire jusqu’à son procès.

Jeudi, ses avocats avaient plaidé l’acquittement, dénonçant une «fable» bâtie sur les mensonges de Richard Llop.

Pas de légitime défense

La cour d’assises en a décidé autrement, concluant que le jardiner star était bien coupable d’une tentative d’extorsion au détriment de son épouse Françoise et du meurtre de David Viers. Richard Llop a été condamné à huit ans de prison pour avoir organisé le cambriolage et Richard Bruno à sept ans. L’avocat général avait réclamé 18 ans de réclusion contre ces deux hommes.

«Je suis totalement innocent», a lancé depuis le box des accusés Daniel Malgouyres, qui a 10 jours pour faire appel de sa condamnation. «La première réaction» serait de faire appel, mais «on va prendre le temps de la réflexion, a dit à l’AFP Me Jean-Marc Darrigade, l’un de ses avocats.

«C’est très difficile, c’est mon mari, ce sont des amis... Il y a quatre ans, il y a eu un home-jacking, dont j’ai été la victime. J’attendais une vérité de la justice, que je viens d’avoir. Maintenant, il faut que je digère ceci», a confié Françoise Malgouyres, partie civile contre son mari.

Jean-Pierre Bruno, 81 ans, le père de Richard Bruno, accusé d’avoir aidé Richard Llop à recruter les deux cambrioleurs, sera jugé ultérieurement, son état de santé n’ayant pas permis sa comparution cet automne.

(AFP)

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