Crise migratoireLe chiffre des traversées clandestines pour l’Angleterre explose
La traversée de la Manche devient encore plus difficile pour les migrants voulant accéder à la Grande-Bretagne, depuis que celle-ci tente de serrer la vis.
Les tentatives de traversées clandestines de la Manche par des migrants voulant rejoindre l’Angleterre ont explosé au premier semestre 2022, après une année 2021 déjà record, a indiqué lundi à l’AFP, le ministère français de l’Intérieur.
Entre le 1er janvier et le 13 juin 2022, «777 événements de traversées en small boats impliquant 20’132 candidats ont été recensés», a précisé le ministère. En 2021, ces tentatives de traversées généralement par bateaux pneumatiques au départ du littoral nord de la France, entre Calais et Dunkerque, avaient atteint un «record»: 52’000 personnes l’ayant tentée et 28’000 migrants l’ayant réussie.
De plus en plus d’échecs
«Il est à noter que le taux de mises en échec est en hausse constante avec 61,39% des traversées maritimes empêchées par les forces de sécurité intérieure françaises et 10’090 individus interpellés depuis le début de l’année», a souligné le ministère de l’Intérieur.
La Grande-Bretagne ne cesse de durcir le ton sur le sujet. Le pays a notamment mis en place une stratégie ultra-controversée consistant à vouloir envoyer les demandeurs d’asile arrivés clandestinement sur son sol vers le Rwanda, avec lequel elle a noué un accord dénoncé par les ONG et les défenseurs des droits humains.
Mardi dernier, un premier vol charter qui devait convoyer jusqu’à 130 migrants vers Kigali a été empêché in extremis par une décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), que le gouvernement britannique a encore qualifiée, ce week-end, de «scandaleuse» et «opaque».
La CEDH exprime son opposition
L’avion, affrété spécialement pour des centaines de milliers d’euros était prêt à décoller d’une base militaire anglaise quand la CEDH a exprimé son opposition. La Cour basée à Strasbourg a estimé que la justice britannique devait examiner dans le détail la légalité du dispositif, ce qui est prévu en juillet, avant d’expulser des migrants.
Le gouvernement britannique a toutefois répété depuis sa volonté de poursuivre cette politique. «Il y a eu cet étrange contretemps de dernière minute à Strasbourg. Nous verrons où ça mène», a encore déclaré samedi le Premier ministre britannique Boris Johnson. «Mais nous sommes sereins concernant la légalité de ce que nous faisons et nous allons poursuivre cette politique», a-t-il ajouté.