Adhésion à l’OTANLa Finlande garde espoir, malgré les déclarations d’Erdogan
Le pays du Nord espère toujours adhérer à l’Otan en même temps que la Suède, a affirmé lundi son chef de la diplomatie après que le président turc a évoqué l’hypothèse d’accorder un feu vert seulement à Helsinki.
![Pekka Haavisto, ministre des Affaires étrangères. Pekka Haavisto, ministre des Affaires étrangères.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/8e748cf5-4ce4-4ebf-b7fb-faab4a555392.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.48095703125&fp-y=0.32673992673992674&s=2a89bead6d99a0f3858eb8b159e7212b)
Pekka Haavisto, ministre des Affaires étrangères.
via REUTERSMalgré des ouvertures de la Turquie, la Finlande a assuré lundi ne pas souhaiter entrer dans l’Otan sans sa voisine la Suède, avec qui elle espère toujours adhérer avant le prochain sommet de l’alliance en juillet. Les vives tensions diplomatiques entre Stockholm et Ankara ces dernières semaines, provoquées par plusieurs incidents dont un coran brûlé près de l’ambassade turque à Stockholm, ont relancé les interrogations sur la marche à suivre pour la Finlande.
«Notre grand souhait a été et est toujours d’adhérer avec la Suède», a affirmé le ministre des Affaires étrangères de la Finlande Pekka Haavisto, assurant que la position finlandaise était «inchangée». «Je vois toujours le sommet de l’Otan à Vilnius (le 11-12 juillet) comme une étape importante, où j’espère voir au plus tard nos deux pays membres de l’Otan», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
La Turquie bloque, depuis leur annonce en mai dernier, les candidatures historiques des deux pays nordiques pour rejoindre l’alliance occidentale, conséquence directe de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a laissé entendre pour la première fois dimanche que la Turquie pourrait approuver la candidature de la Finlande à l’Otan, sans faire de même pour la Suède. «Si nécessaire, nous pouvons donner un message différent concernant la Finlande. La Suède sera choquée lorsque nous donnerons un message différent sur la Finlande», a affirmé le chef de l’État turc.
Ces déclarations «montrent qu’il y a une volonté de la Turquie d’avancer rapidement sur le processus (d’adhésion à) l’Otan si nécessaire» concernant la candidature finlandaise, a souligné M. Haavisto. M. Haavisto a expliqué avoir eu des contacts depuis avec ses homologues suédois et turc, et exprimé le souhait que la ratification d’Ankara ne soit pas scindée en deux. «Nous avons exprimé notre position que (les candidatures de) la Finlande et la Suède soient ratifiées ensemble», a affirmé le ministre finlandais.
Coup d’arrêt
La Turquie avait donné un coup d’arrêt mardi à l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan, en reportant sine die une rencontre tripartite initialement prévue début février et destinée à lever les objections d’Ankara à leurs candidatures. Le président turc avait prévenu la veille que la Suède, déjà accusée par la Turquie d’héberger des «terroristes» kurdes, ne pouvait plus compter sur le «soutien» d’Ankara, après qu’un militant d’extrême droite a brûlé un exemplaire du Coran à Stockholm.
Stockholm avait déploré un acte «profondément irrespectueux» et exprimé sa «sympathie» aux musulmans en soulignant que la Constitution suédoise empêchait d’interdire ce type d’agissements, sans toutefois éteindre la colère turque. L’auteur de l’autodafé, l’extrémiste anti-islam suédo-danois Rasmus Paludan, a depuis brûlé d’autres Corans à Copenhague, affichant son intention de recommencer chaque semaine tant que la Turquie ne laissait pas entrer la Suède dans l’Otan.